Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 130.djvu/912

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Belgique ont fléchi de 537 millions en 1890 à 478 en 1894. La diminution de valeur de nos envois à l’Italie peut se mesurer par ces deux nombres : 150 millions de francs en 1890, et 98 en 1894. Pour l’Espagne la chute a été, de 181 millions en 1891 à 108 en 1894 ; pour la Suisse, de 243 en 1890 à 130 en 1894 ; pour les États-Unis, de 329 millions en 1890 à 240 en 1892 et à 186 en 1894.

Si nous poursuivions ce parallèle entre le mouvement de nos exportations en 1890 et 1891 et celui de 1894, nous découvririons encore d’autres diminutions considérables : 40 millions pour l’Allemagne, 21 millions pour le Portugal, 27 pour l’Uruguay, 120 pour la République Argentine. Sans doute il est aisé d’objecter à ces différences accablantes qu’elles sont dues pour une bonne part à la baisse des prix, et présentent sous une forme très exagérée ce qu’il peut y avoir eu de réduction dans l’activité de notre commerce d’exportation. Il faudrait, ne cessent de répéter les protectionnistes, comparer non les valeurs, dont la mesure s’est modifiée, mais les volumes, qui offrent un mode bien plus sûr et plus équitable de rapprochement, et l’on se convaincrait que nous n’avons pas décru réellement, que nous exportons autant de marchandises à l’étranger qu’il y a cinq ans, et que, s’il est malheureux que nous les vendions moins cher, c’est une infortune que nous partageons avec tous les pays producteurs. La diminution en volume est assurément moindre que celle en valeurs, c’est tout ce que l’on peut concéder sur ce point. Il reste que nous nous heurtons de toute part à une concurrence industrielle redoutable et que nous ne faisons peut-être pas les efforts nécessaires pour porter nos produits partout où ils pourraient trouver accès[1].


IV

M. Picard, dans le dernier rapport de la commission permanente des valeurs de douane dont il est le président, insistait sur l’intensité du mouvement qui pousse tous les pays à développer chez eux non pas seulement une agriculture, mais aussi une industrie indépendante[2]. « Une grande enquête poursuivie sur ce sujet, disait-il, montrerait les progrès dès maintenant réalisés dans cette direction, non pas seulement chez nos voisins les

  1. N’est-il pas attristant de lire, dans tant de rapports de nos consuls, des lignes comme celles-ci : « Aucun navire français n’a pris part au commerce maritime de Galveston en 1894 » (Rapport de M. Glaudat). « Aucun navire français n’a mouillé à Santiago de Cuba en 1894 » (Rapport de M. Chausson). « Aucun navire français n’est entré dans la baie de Manille en 1894 », etc.
  2. Voyez la Revue du 1er février dernier.