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de terre à grand rendement, ils auront plus de chances d’éviter les effets ruineux qu’exercent les sécheresses prolongées sur les plantes employées aujourd’hui à l’alimentation du bétail.


V

Les variétés de pommes de terre de grande culture les plus avantageuses par l’abondance de leurs rendemens n’ont pas toutes une saveur agréable : on les consomme cependant dans les campagnes, mais en général les tubercules destinés à la table appartiennent à des variétés différentes de celles qui alimentent les usines ou les animaux de la ferme. On sait, en outre, que les pommes de terre récemment arrachées, les pommes de terre nouvelles, sont plus tendres, plus délicates que celles qui sont conservées pendant plusieurs mois ; elles se vendent à des prix infiniment plus élevés : tandis que le quintal des tubercules de grande culture ne vaut guère que 4 à 5 francs, les pommes de terre nouvelles atteignent parfois à Paris le prix de 100 francs le quintal. Suivant que les conditions météorologiques de l’hiver favorisent ou contrarient la culture, les tubercules sont abondans ou rares : de là d’une année à l’autre d’énormes différences de prix. On a payé à la halle de Paris le quintal de pommes de terre nouvelles de 74 à 84 fr. 50 en 1891, de 47 à 56 francs en 1892.

Comme les pommes de terre nouvelles sont d’autant plus recherchées qu’elles arrivent plus tôt sur le marché, qu’en outre elles sont moins offertes dans les premiers mois de l’année qu’un peu plus tard, les prix pendant la même année varient d’un mois à l’autre : très élevés en février et mars, encore soutenus en avril, ils commencent à décliner en mai et juin.

Le désir de profiter des hauts prix qu’atteignent les pommes de terre de primeur conduit à ne planter que des variétés d’un développement très rapide, qu’on arrache souvent avant que les tubercules n’aient atteint leur complet développement ; et comme cette récolte doit être faite en hiver ou au premier printemps, la culture ne peut s’établir que dans les contrées où les gelées hivernales sont rares. Le marché de Paris est alimenté par l’Algérie, la Provence, puis par le Finistère, les Côtes-du-Nord, la Manche, là où le courant marin adoucit les rigueurs de l’hiver. Les maraîchers parisiens ont eu longtemps une part prépondérante dans la production de la pomme de terre de primeur : la concurrence de l’Algérie et de la Provence rend aujourd’hui cette culture moins profitable.

On sait quelles différences de climat présentent les diverses