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manqua pas, dans la dépêche qu’il adressa au ministre, de faire remarquer une aussi heureuse coïncidence : « A midi, disait-il, je descendis à terre et je fis arborer le pavillon de France sur le fort des Hovas. La santé du roi fut portée avec enthousiasme par tous ces braves, heureux et fiers d’offrir à notre auguste souverain une branche de laurier pour sa fête. » Communiquée aux journaux par le ministre de la marine, cette lettre fit connaître au public le succès des armes françaises à Madagascar. Mais le fonctionnaire du ministère de la marine chargé d’établir le texte de la communication, trouvant sans doute trop fleuri le style du commandant Gourbeyre, supprima d’un trait de crayon « la branche de laurier offerte au roi par les braves » et la remplaça par ces mots : « heureux et fiers de célébrer par une victoire la fête du roi. » C’est avec cette correction administrative que cette lettre repose aujourd’hui dans les cartons des colonies.

Après le combat de la Pointe-à-Larrée, le chef de l’expédition aurait désiré pouvoir parcourir la côte et détruire successivement tous les postes occupés par les Hovas au nord de Tintingue, afin d’assurer la conservation de cet établissement, mais les bâtimens avaient peu de munitions de guerre, les équipages et les troupes étaient affaiblis par les travaux et les maladies, et le moment approchait où la saison deviendrait un obstacle à de nouvelles hostilités : ces considérations déterminèrent le commandant de l’expédition à suspendre les opérations et à ramener la division à Bourbon où, durant la mauvaise saison qui allait commencer, elle jouirait d’un climat meilleur que sur les côtes de Madagascar. Dès lors il songea à mettre le fort de Tintingue en état de défense pour l’hivernage. Il en porta à 400 hommes la garnison, qui fut ainsi composée :

121 soldats du 16e léger ;
180 soldats africains ;
30 canonniers de la marine ;
20 ouvriers de la marine ;
8 marins de la Terpsichore pour servir de patrons dans le port ;
50 soldats malgaches.

Ces troupes demeuraient, ainsi que celles de la garnison de l’île Sainte-Marie, sous les ordres du commandant des établissemens français à Madagascar, le capitaine Gailly, qui, en cas de décès, devait être remplacé par le capitaine Carayon, commandant particulier de Sainte-Marie. « En m’éloignant de Madagascar, écrivait le commandant Gourbeyre au ministre, je laisse Tintingue dans un état de défense fort respectable. L’enceinte est achevée et 14 bouches à feu sont déjà montées. Les six autres le seront incessamment. La garnison, forte de 400 hommes, a des