à venir. Pour conserver l’exemple que j’ai choisi d’un homme de 30 ans, auquel est garanti un capital de 10 000 fr., le taux de la prime moyenne est de 180 francs. Ce chiffre, que l’assuré paiera uniformément durant toute sa vie, commence par être notablement au-dessus des 80 francs du risque de début ; un peu après la cinquantième année la prime et le risque se trouvent avoir même valeur, mais pour quelques mois seulement. La période de remploi commence et peut aller jusqu’à 85 ans, ou davantage, époque où la prime de 180 francs doit faire face à un risque qui ne vaudrait pas beaucoup moins de 2 000 francs par an. Ce coût élevé des primes, pour les vieillards qui s’avisent trop tardivement de recourir à l’assurance, a même déterminé les compagnies, qui naguère accueillaient les nouveaux cliens jusqu’à 65 ans, à fermer leurs portes aux postulans ayant dépassé la soixantaine. Elles estiment qu’il faudrait leur demander trop cher et qu’ils se trouveraient exposés, s’ils avaient le malheur de vivre, à verser beaucoup plus que la somme assurée.
La réunion de tous ces excédens, encaissés pendant les premières années des contrats en cours, forme la « réserve de compensation. » Mathématiquement calculée pour parer, comme nous l’avons vu, aux chances de mortalité, elle dépend en partie du taux d’intérêt que les compagnies en retireront. Ces primes anticipées sont en effet placées aussitôt que perçues, et s’augmentent chaque année de l’intérêt qu’elles produisent, et de l’intérêt des intérêts. On évalue par avance le montant de ces intérêts composés, et, comme la réserve grossira plus ou moins vite suivant qu’elle rapportera un taux plus ou moins élevé, on voit que ce taux de capitalisation influe par là même sur la prime, dont cette réserve forme partie intégrante.
Il est bon de rappeler, pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la pratique des intérêts composés, que la différence de revenu entre deux sommes, quoiqu’elle paraisse de médiocre importance à l’origine, aboutit, après un laps de temps un peu long, à des écarts immenses : 10 francs ainsi placés formeront au bout de cinquante-cinq ans un total de 50 francs, au taux de 3 pour 100, et au taux de 6 pour 100, simplement double du précédent, ils atteindront le chiffre quintuple de 246 francs. Jusqu’à ce jour les compagnies françaises calculaient que leurs placemens devaient rapporter 4 pour 100 : en réalité, ils rapportèrent davantage et le surplus fut pour elles un profit net. Une différence de 1/2 ou 1 pour 100 constituerait une différence appréciable pour les 1500 millions que représentent aujourd’hui en bloc les réserves de nos 18 compagnies ; seulement la baisse du taux de l’intérêt est venue affecter ces biens, et les quatre grands