animales sont décomposées, et dépouillées de toute vertu comestible. Mais, en fait, l’appareil de Papin fonctionnait vers 4 atmosphères ; c’était encore trop. Dans les usages domestiques, on ne doit pas dépasser 2 ou 3 atmosphères, et lorsque Papin cuisait des pâtés ou des pigeonneaux, il restait certainement dans ces limites. On se tient même au-dessous dans la préparation des boîtes de conserves alimentaires.
L’autoclave, plus ou moins modifié, a été ainsi conservé par l’industrie, et il continue également à être employé journellement dans les laboratoires de physiologie, comme très commode pour développer en vase clos une température de 120 à 130 degrés, capable de tuer les microbes et de jouer le rôle de stérilisateur : c’est là, je crois, aujourd’hui, dans l’industrie, comme dans la science, son principal usage.
Le grand effort de Papin s’est tourné ensuite vers les applications du vide, dont il avait étudié la production dès ses débuts, dans les laboratoires de Huygens et de Boyle. Il a entrepris d’en tirer une force motrice générale, c’est-à-dire d’utiliser l’effort et le travail de la pression atmosphérique. J’y reviendrai plus loin, en exposant l’historique de la machine à vapeur. Mais en ce moment je m’attacherai surtout à donner une idée du mouvement d’esprit de Papin, en indiquant la suite de ses inventions.
C’est ainsi qu’il propose tour à tour des machines à extraire l’eau des mines, à faire monter l’eau des rivières dans des réservoirs et pour l’arrosage des jardins : problèmes fort en honneur aux XVIe et XVIIe siècles, époque où chaque prince élevait des palais, et où Louis XIV construisait Versailles, le plus vaste et le plus magnifique, sinon le plus parfait de tous.
Papin cherche aussi à appliquer la force motrice du vide pour faire marcher des voitures sur terre et sur eau; à lancer, toujours par la force du vide, des grenades à 90 pas. Il imagine un long tube, destiné à transporter à de grandes distances la force motrice du vide : à peu près comme nous le faisons aujourd’hui pour le transport des lettres dans les tubes pneumatiques. Malheureusement les tubes et jointures d’alors étaient trop imparfaits pour tenir le vide sur de grandes étendues; ce qui fit échouer l’expérience. On sait comment l’électricité de notre temps a résolu le problème, avec une étendue et une perfection qui rappellent les rêves de la magie. Mais l’électro-dynamique n’était même pas soupçonnée en 1680.
A côté de ces vues générales et des projets d’appareils qu’elles suscitaient, Papin, toujours en effervescence, en met en avant une multitude d’autres, destinés à exciter la curiosité des princes et des grands seigneurs allemands, auprès desquels il résidait.