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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/429

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sauterelles, hôtes de l’Algérie, n’étaient pas atteintes par une affection due à des champignons parasites. A Biskra, il recueillit un grand nombre de criquets pèlerins des deux sexes. Ces insectes étaient parfaitement sains ; au fur et à mesure des apparie mens, les couples étaient isolés. Quelques cas d’affection cryptogamique se manifestèrent dans ceux qui étaient réunis en groupe ; mais la mortalité fut insignifiante, la contamination de proche en proche paraissant très difficile. Le mâle d’un couple mourut portant des signes d’infection ; sa femelle fut associée à un autre mâle, s’accoupla, fit une première ponte, une seconde six jours après et mourut. Son second mâle passa lui aussi quelque temps après de vie à trépas sans avoir manifesté de signes d’infection. En résumé, les acridiens, s’ils trouvent parfois, à l’état libre, les conditions favorables au développement des champignons parasites, n’en paraissent guère incommodés, car ils continuent à s’apparier et à pondre ; l’on peut même dire que la maladie cryptogamique ne se montre que sur un certain nombre d’individus arrivés au terme de leur existence.

Des agronomes avaient pensé que l’on pouvait cultiver artificiellement ces cryptogames pour en recueillir les spores que l’on aurait ensuite semées à la volée sur les jeunes acridiens pour les contaminer ; ils avaient fondé de grandes espérances sur ce procédé de destruction tout scientifique ; mais des observations précédentes aussi bien que des études du docteur Trabut et du professeur Giard une conséquence se dégage. En admettant, par hypothèse, que les expérimentateurs aient pu se procurer l’immense quantité de spores nécessaires, en admettant encore qu’ils aient réussi à infester les sauterelles dès leur naissance, ils ne leur auraient inoculé qu’une maladie bénigne, incapable de les empêcher de commettre leurs déprédations et de procréer de nombreuses générations.

Nos savans devront remettre le problème à l’étude pour lui trouver une solution pratique.

L’étude des mœurs des cantharides démontre que certains insectes de ce groupe accomplissent les premiers stades de leur existence dans les coques ovigères des sauterelles. M. Künckel a constaté que les larves des mylabres, proches parens des cantharides, vivaient dans les coques ovigères des sauterelles et se nourrissaient de leurs œufs. Mais sa découverte a une portée plus générale ; depuis les belles études de J. H. Fabre, d’Avignon, on admettait que tous les vésicans ne se métamorphosaient, comme la majorité des insectes, qu’après avoir passé par certaines phases évolutives qui les ramenaient à des formes antérieures : ils subissaient ce que l’on a appelé des