horribles ; il sera encore jeté en pleins champs, hors de la terre chrétienne. Les gens d’ici, que nous volons et qui ne pensent qu’à nous voler, diront : « Voyez tous ces maudits Lombards, que l’Église renie ; ils nous chasseront, nous dépouilleront et peut-être nous tueront ». Le malade alors les appelle à son chevet. « Soyez tranquilles, tout s’arrangera, un péché de plus, après tous les autres, n’est pas de conséquence. Faites-moi venir le meilleur et le plus saint moine que vous pourrez. » On leur donne, au couvent, un très vieux frère « de sainte et bonne vie, grand maître en Écriture, vénérable objet de la dévotion de toute la ville ». La confession commence. C’est une effroyable parodie. Le mourant joue le petit saint avec une insolence diabolique. « Mon Père, c’est ma coutume, chaque fois que je me confesse, de reprendre tous les péchés commis depuis mon enfance. Interrogez-moi donc sur toute ma vie, sans craindre de me fatiguer, car je ne veux pas perdre mon âme rachetée par le sang précieux du Sauveur. » Le pauvre moine, édifié par une piété si candide, interroge son pénitent : « Avez-vous péché par gourmandise ? » Certes, oui, car, s’étant imposé, outre les carêmes et jeûnes réglementaires, trois jours d’abstinence par semaine, il lui arrivait de manger son pain sec et de boire son eau claire avec trop de plaisir, comme il eût fait de coupables friandises, surtout dans le temps où il se trouvait en pèlerinage. « Avez-vous péché par avarice ou dérobé le bien d’autrui ? — Mon Père, ne vous inquiétez pas de me voir chez ces usuriers. J’étais venu pour les corriger de cet abominable vice. Il est vrai, j’ai été riche, mais j’ai donné aux pauvres du bon Dieu la plus grande partie de mon héritage : alors, afin de partager toujours avec les indigens, j’ai fait le commerce et j’ai désiré gagner de l’argent pour le répandre en charités. — N’avez-vous point péché par colère ? — Assurément, mais c’était contre les mauvais chrétiens, contre les jeunes gens qui vont au cabaret et n’entrent jamais à l’église, suivent les voies du monde et négligent celles de Dieu. » Pour le faux témoignage ou la médisance, le faux poids et le reste, même antienne. Oui, un jour qu’il vit un sien voisin battre sa femme, il le dénonça aux parens de la malheureuse. Une autre fois, un client lui avait payé quatre sous au delà du prix convenu pour une pièce de drap. Il ne découvrit l’erreur qu’un mois plus tard, mit de côté les quatre sous pour les rendre ; mais l’acheteur n’ayant jamais donné signe de vie, il les a distribués aux pauvres.
Le confesseur perdait tout son latin et ne faisait que rassurer cette virginale conscience. Au moment de l’absolution, Ciappel-