voter que pour trois, ce qui doit avoir pour effet d’attribuer le quatrième siège à la minorité. Le vote cumulatif poursuit le même but, mais par le procédé contraire. Il consiste en ce que, dans une circonscription qui élit quatre députés, chaque électeur puisse porter sur son bulletin le nom d’un seul candidat autant de fois qu’il y a de sièges à pourvoir, soit quatre fois, ce qui peut encore avoir pour effet de réserver à la minorité le quatrième siège. Mais cet effet n’est nullement certain ; et, par le vote cumulatif, la minorité n’est nullement certaine d’obtenir toute sa part, ni même, par le vote limité, si la majorité manœuvre habilement, d’obtenir une part de la représentation.
Le vote limité, comme le vote cumulatif, est, du reste, tout empirique et arbitraire ; on cela, ni en rien, il n’est scientifique ou mathématique : il peut dans des circonstances favorables, si la majorité s’endort, si la minorité est bien disciplinée, laisser une part à cette dernière, mais une part que le hasard taille à son gré, tantôt trop grande, tantôt trop petite, jamais ou très rarement proportionnelle. Ni vote cumulatif ni vote limité ne sont, à vrai dire, des systèmes de représentation proportionnelle et, s’ils peuvent être, ils ne sont pas toujours et infailliblement des procédés de représentation de la minorité ; or il ne suffit pas, pour la vérité et pour la justice, que la minorité soit représentée, il faut qu’elle le soit proportionnellement, « de façon qu’une majorité d’électeurs ait une majorité de représentans, qu’une minorité d’électeurs ait une minorité de représentans et que, homme pour homme, la minorité soit représentée aussi complètement que la majorité. »
Une qualité incontestable qui, malgré leurs imperfections et à cause peut-être de ces imperfections mêmes, reste cependant au vote limité et au vote cumulatif, c’est d’être relativement faciles à expliquer et à appliquer. A mesure que se développeront des systèmes plus perfectionnés de représentation proportionnelle, plus clairement il apparaîtra que tous ces systèmes auront beau être presque parfaits, mathématiquement et comme abstractions, force et vertu positives leur manqueront pourtant, s’il leur manque l’indispensable qualité d’être d’une explication et d’une application faciles.
Des différens systèmes où le rapport de la puissance politique à la force numérique des partis est déterminé arithmétiquement et qui tendent, non seulement à procurer une représentation de la minorité variable et aléatoire, mais à assurer, dans toutes les conjonctures et toutes les hypothèses, une représentation vraiment proportionnelle ; de ces différens systèmes, sinon le plus facile, le moins difficile est celui dont fit l’essai pratique, il y a