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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/773

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aucune couleur politique ; mais c’est la personne qui passe devant ; le parti ne passe qu’avec la personne, et c’est du goût ou de l’estime pour les personnes que dépend surtout la représentation des partis.

Dans ce système, sur le bulletin, le parti n’est pas exprimé, il est sous-entendu ; si la représentation est proportionnelle, elle l’est par rapport aux sympathies pour les personnes, plutôt que par rapport aux partis en tant que tels. Et c’est afin de parvenir à une représentation vraiment proportionnelle des partis, sans toutefois supprimer ce qu’il doit y avoir de « personnel » dans l’élection, que l’on a imaginé un autre système, plus difficile, on ne le dissimule guère, à appliquer ou même à expliquer, et dont le nom seul a l’on ne sait quoi qui n’attire pas : le système de la concurrence des listes avec double voie simultané.


Concurrence des listes et double vote simultané.

D’abord, la concurrence des listes. Le principe en est celui-ci : chaque parti peut présenter une liste de candidats ; chaque liste a autant d’élus qu’elle atteint de fois le quotient. Les listes doivent être déposées dans un délai donné avant le jour de l’élection. Elles portent, chacune, un nombre de candidats égal ou inférieur au nombre de sièges en jeu. Le scrutin clos, on commence par procéder ainsi que dans le système de Thomas Hare : on cherche le quotient, le mètre électoral, en divisant le chiffre total des votans par le chiffre des sièges. Soient 100 000 votans et dix sièges : le quotient de 100 000 divisé par dix est de 10000. Cela fait, il faut déterminer combien de sièges reviennent à chaque liste. On divise alors le nombre total de voix que chacune d’elles a obtenues par le quotient ou chiffre d’élection. Deuxième opération. Soient quatre listes ayant l’une 40 000. l’autre 30 000, l’autre 20 000, l’autre 10 000. Elles devront avoir l’une quatre sièges, l’autre trois, l’autre deux et la dernière un siège.

Ensuite, le double vote simultané. La proportion est, de la sorte, réglée entre les listes, dont chacune a sa part. Il s’agit maintenant de décider à quels candidats de chaque liste seront nominativement attribués les sièges qui reviennent au parti. Dans le système d’Andræ et de Hare, l’ordre des noms sur la liste faisait tout : était élu quiconque atteignait le quotient, le premier élu étant le candidat qui figurait seul ou le premier sur le plus grand nombre de bulletins. Dans le système de la concurrence, pour la répartition des sièges entre les candidats de chaque liste, l’ordre d’inscription ne fait rien : sont élus ceux qui, sur chaque liste, ont recueilli le plus grand nombre de suffrages : les quatre