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le vestibule était encombré, et si le jeune commis de M. Renduel est venu, il a pu juger inutile de rester, puisque la table même sur laquelle il aurait pu déposer les exemplaires a été saisie, et qu’on la plaçant en face de la porte un grand nombre de jeunes gens s’y sont établis.

L’affluence ne sera pas moindre mercredi prochain. Je vous prie d’aller voir pour moi M. Renduel et de lui dire que, devant développer, mercredi prochain, le sujet de ma première livraison et répondre aux objections qui me seront adressées, nous pourrons faire encore une tentative de vente ; que, dans ce cas, si son jeune homme arrive vers sept heures, je lui aurai fait réserver d’avance une chaise au pied de la tribune, en sorte qu’au terme de la séance, les personnes que j’aurai excitées à me lire, auront la brochure sous les yeux et sous la main.

Si M. Renduel aime mieux suspendre la publication des livraisons suivantes, je lui propose de provoquer de suite la propagation de la première, en faisant insérer dans les journaux la note suivante :

« M. Azaïs fait, en ce moment, un Cours d’explication universelle à l’Ecole Philosophique, dont il est président. Ce cours est suivi avec le plus vif intérêt, et la salle est loin de pouvoir contenir toutes les personnes qui désirent y assister. Pour y faire participer, autant qu’il lui est possible, celles qui ne peuvent entier ou qui n’ont pas le loisir de s’y rendre, M. Azaïs publie chez le libraire Renduel, rue des Grands-Augustins, no 22, une brochure de 50 pages, qui a pour titre : Idée précise de la Vérité première, et dans laquelle le professeur résume la doctrine qu’il développe devant ses auditeurs. »

Cette note, mise dans les principaux journaux, et la brochure mise en vente chez les principaux libraires, elle se répandrait ; vous savez, cher ami, l’heureux effet que l’on pourrait en attendre ; elle exciterait bien des personnes à demander la publication successive des livraisons. M. Renduel, s’il recevait, en effet, un nombre encourageant de demandes, annoncerait, cornue sous presse, celle publication successive, ou, s’il le préférait, la publication du cours en bloc, par volume et sans morcellement.

Ayant encore besoin de ménagemens, mon cher ami, faites-moi le plaisir d’aller ce soir chez M. Renduel : on le trouve vers cinq heures ; lisez-lui ma lettre : ajoutez-y ce que vous avez vu, entendu, ce que vous pensez ; dites-lui que n’ayant d’ardeur personnelle que pour la propagation de mes pensées, je désire que le libraire qui y concourra, non seulement ne compromette pas ses fonds, mais fasse, à l’aide de mon œuvre, d’honorables profits.

Tout à vous, mon cher ami,

AZAÏS.


Dans une lettre écrite le lundi suivant, et cette fois à Renduel, Azaïs revient encore sur ce projet de faire débiter ses brochures pendant son cours, et il le complète par l’idée mirifique d’en faire vendre aussi pendant le cours qui précédait le sien : « N’oubliez pas, je vous prie, que mercredi voire jeune homme devrait être dans le vestibule de la salle avant sept heures, parce que déjà alors il passera devant lui bon nombre de personnes allant prendre place et attendant pendant le cours d’un autre professeur qui se fait à cette heure-là. » Le pauvre Azaïs se donnait-il assez de mal pour débiter sa philosophie en feuillets ? Rien n’y fit. Le