Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques années. A la période négative, où toutes les données sur la grippe : nature, causes, origine, symptômes, mode de propagation, étaient également enveloppées d’obscurité, s’est donc, et, espérons-le, pour toujours, substituée une période manifestement positive, par ses résultats constatés et par ceux qui ne manqueront pas de les suivre.

Quelle est, dès maintenant, la conséquence pratique de ce nouvel état de choses ? Sans doute le public lettré, auquel nous soumettons ces pages, ne constatera pas sans une certaine satisfaction, que nous connaissons mieux la grippe que nos devanciers. Mais nous sommes aussi fermement convaincu que le plus bienveillant de nos lecteurs s’empressera d’ajouter : La guérissez-vous mieux ? — Ainsi posée, la question, dont nous ne reconnaissons que trop la légitimité, se prête difficilement à une réponse catégorique. Essayons, à cet effet, de donner un aperçu d’ensemble sur la direction imprimée à l’ancienne thérapeutique par l’esprit nouveau de la médecine contemporaine : l’occasion se présentera d’elle-même, chemin faisant, de signaler les méthodes curatives, expérimentées avec le plus de succès apparent, au cours de la dernière épidémie.

Il n’est pas de thérapeutique rationnelle qui n’obéisse rigoureusement aux deux indications fondamentales : — de la cause, — et des symptômes, — qui ne soit, en un mot, à la fois pathogénique et symptomatique. En dehors de ces règles primordiales, tout est incertain, incohérent et empirique. La cause de la plupart des maladies infectieuses étant aujourd’hui positivement connue, rien ne semble plus facile, au premier abord, que de s’adresser directement à elle, c’est-à-dire d’empêcher, d’arrêter, ou de supprimer la pullulation microbienne qui a créé et entretient l’état morbide. Ici, la médication pathogénique, c’est incontestablement la médication antiseptique ou microbicide. Or, pour tuer le microbe, nous disposons de deux grands moyens également éprouvés, mais d’efficacité très variable selon les cas et les individus. — Rendre inhabitable à ce tout-puissant, quoique infiniment petit envahisseur, l’organisme qu’il a pénétré ; — donner à celui-ci un surcroît de renforts contre les attaques de l’agresseur.

Le premier moyen constitue la vraie méthode antiseptique, dont les principaux procédés d’application consistent : dans l’immunisation de l’organisme, soit la préservation contre toute tentative microbienne ; — ou dans la destruction directe de l’agent pathogène par des substances, expérimentalement connues comme ses poisons assurés.

L’immunisation humaine, à longue durée, n’a encore pu être