Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paris, s’était retiré à Manosque. Il y a eu là des forêts de Charmes, de Hêtres, d’Aunes, d’Érables, de Chênes et aussi d’arbres verts : Séquoia, Taxodium, Glyptostrobus. À l’ombre des grands arbres croissaient des fougères variées : Osmunda, Pteris, Lygodium, etc. C’est un monde qui se rapproche de plus en plus du monde actuel.

Le gisement de Meximieux s’en rapproche encore plus. Planchon, Gandin, Falsan et Saporta l’ont bien étudié. La forêt de Meximieux, a dit Saporta, ressemblait à celles qui font encore l’admiration des voyageurs dans l’archipel des Canaries. On suppose que la moyenne était de 17 à 18°, tandis qu’elle n’est plus aujourd’hui à Lyon que de 11°. Il n’y avait plus de Palmiers et de Cycadées ; les plantes dominantes étaient les Lauriers-roses, les Avocatiers, les Bambous, les Magnolias, les Chênes verts. Tandis que la plaine lyonnaise jouissait encore de cette température chaude, les parties montagneuses des environs avaient déjà des plantes qui indiquent une moindre chaleur ; l’altitude se faisait sentir comme de nos jours. Cela a été mis en lumière par les descriptions que Saporta a données des plantes fossiles trouvées dans les cendres volcaniques du Cantal, à Saint-Vincent et au Pas-de-la-Mougudo, une sorte de Pompéi végétal, situé à près de mille mètres d’altitude. C’est à Rames que la découverte en est due. On ne saurait faire trop d’éloges de ce géologue qui vient d’être enlevé à la science : il s’était pris de passion pour le Cantal, ce volcan gigantesque placé au cœur de la France ; il en connaissait les moindres parties et il en a retracé la grandiose histoire en termes émouvans. Dans notre cher pays nous possédons plus qu’on ne saurait le croire de ces travailleurs modestes dont la vie entière est consacrée à la science, sans autre pensée que de faire du bien en découvrant quelque vérité. Quand un écrivain rencontre sous sa plume un nom comme celui de Rames, il remplit son devoir en le saluant avec reconnaissance.

Enfin la flore quaternaire n’a pas été oubliée par Saporta. Des tufs semblables à ceux que Planchon avait habilement étudiés à Montpellier ont été retrouvés sur plusieurs points de la Provence, depuis les bords de la Méditerranée à côté de Marseille jusqu’au nord du département des Bouches-du-Rhône à Meyrargues. On distingue les tufs quaternaires de ceux qui se forment aujourd’hui parce que leur niveau est plus haut que celui des eaux actuelles et que, par conséquent, ils remontent à une époque où les vallées étaient moins creusées. Leur flore est en général très peu différente de la flore actuelle. Chouquet, un de ces travailleurs désintéressés dont je viens de parler, a fait aux environs de