sanctionnées par les Chambres, mais encore le Sénat a introduit dans la loi de finances un article, d’après lequel la liste des lignes à construire chaque année, au lieu d’avoir le caractère d’un simple renseignement communiqué au Parlement, constituera désormais un tableau annexé au budget, de sorte qu’aucun chemin de fer nouveau ne pourra être entrepris sans un vote formel des deux Chambres.
Poursuivant le programme d’économies dressé par MM. Jonnart et Burdeau, puis adopté par MM. Barthou et Poincaré, le Parlement vient de réduire à 80 millions les dépenses autorisées pour 1896 ; dans le tableau annexé à la loi de finances, on a supprimé 207 kilomètres de lignes antérieurement dotées, et reconnues trop onéreuses ou trop peu productives, en y substituant, il est vrai, 164 kilomètres de lignes nouvelles.
Grâce à ces mesures, l’étendue des chemins de fer en construction, à la fin de 1896, sera ramenée à 1 900 kilomètres, pour l’achèvement desquels il restera à dépenser, à ce moment, environ 320 millions. On pourra encore réduire ce chiffre, tout en remplaçant chaque année, par des inscriptions nouvelles au budget, une partie des lignes à ouvrir au cours de l’exercice. Si, comme cela est probable, les travaux à faire, d’ici à 1900, comprennent les lignes à exécuter par la compagnie de l’Ouest sur le remboursement de sa dette, le maximum de la dépense totale annuelle pourra être maintenu à 80 millions, sans que la part à rembourser par l’Etat en annuités dépasse 60 millions.
Ainsi, le montant des annuités correspondant aux conventions de 1883 croîtrait, à raison de 2 à 3 millions par an. Il atteindrait le plein de 65 millions environ vers 1910 ou 1912. C’est, en effet, vers cette date que seraient terminés les 2 000 kilomètres de lignes qui ne sont pas encore dotées au budget, en supposant qu’on les y inscrive à raison de 200 kilomètres en moyenne par an à dater de 1897. Les pouvoirs publics restent d’ailleurs entièrement maîtres d’accélérer ou de ralentir cette marche, selon la situation budgétaire. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’il est impossible, en cette matière, de procéder par à-coups ; que toutes les fois qu’on commence une ligne nouvelle, on engage plusieurs budgets, et qu’entreprendre trop de travaux, pour les traîner ensuite en longueur, est un véritable gaspillage de la fortune publique. Il importe donc au plus haut degré, en arrêtant la liste des lignes à commencer chaque année, de porter ses vues sur un avenir un peu étendu, et de ne pas aller de l’avant sans programme arrêté ; comme on l’a fait à certains momens.