Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1889 à 1891 y remédièrent. Aujourd’hui, les lignes neuves viennent se confondre dans le réseau garanti, dès le 1er janvier qui suit leur ouverture complète à l’exploitation, pour les compagnies de l’Est, de l’Ouest et du Midi, et cinq années plus tard, pour celles d’Orléans et de Lyon.

Pour cette dernière, on a même modifié, d’un commun accord, les conditions dans lesquelles avaient été présentés les comptes des exercices 1885 à 1890, qui n’étaient pas encore réglés. La compagnie, ne voulant pas mettre en relief l’importance de ses déficits, avait fait une répartition assez arbitraire des lignes entre le compte de garantie et le compte d’exploitation partielle, grâce à laquelle les déficits capitalisés dans ce dernier étaient grossis, jusqu’à dépasser 22 millions en 1887. La commission de vérification des comptes des compagnies avait bien reconnu que cette répartition pouvait être contestée ; elle n’avait pas cru, néanmoins, qu’il y eût, pour l’Etat, intérêt à provoquer une rectification chargeant le présent, en vue de décharger l’avenir. La compagnie de Lyon est, en effet, de beaucoup, celle qui a le plus de chances de cesser promptement de faire appel à la garantie, et celle-ci, d’ailleurs, prend fin, sans contestation, en 1914. La commission des comptes ne voyait donc aucun avantage à grossir les avances de garantie, pour diminuer d’une somme égale un compte d’établissement dont les charges cesseraient de grever le budget assez prochainement, sans doute, et en tout cas, à partir de 1915. Le ministre ayant adopté cet avis, M. Baïhaut l’interpella à ce sujet, le 26 janvier 1891, et M. Pelletan, appuyant l’interpellateur, fit voter un ordre du jour qui invitait le ministre à modifier sa décision. La compagnie, mieux avisée qu’elle ne l’avait été en surchargeant le compte d’exploitation partielle, adhéra à la rectification, sauf pour l’année 1884 dont le compte était déjà réglé. On reporta ainsi, du compte d’établissement au compte de garantie, 52 millions, pour les exercices 1885 à 1890. La nécessité d’avancer à la compagnie cette somme, qu’elle n’avait pas demandée, a été l’une des causes des embarras de la Trésorerie en 1894. Si, comme il y a lieu de l’espérer, la compagnie de Lyon rembourse dans l’avenir sa dette, l’inconvénient n’aura été que momentané. Si, contrairement aux prévisions, elle devenait insolvable, ce serait pour l’Etat 52 millions perdus ; à partir de 1915, les actionnaires, allégés des deux millions de charges annuelles que la capitalisation de ces déficits leur auraient imposées, devraient à l’adoption de la proposition de MM. Baïhaut et Pelletan une augmentation de dividende de près de 3 francs par titre, jusqu’en fin de concession.

Ainsi, la longueur des lignes comprises dans les comptes d’exploitation partielle, au lieu de s’augmenter des 5 500 kilomètres