gauche au Méléagre du Vatican, et la légende prétend que, chargé de sculpter des jambes pour l’Hercule Farnèse, il aurait rejeté son ciseau en s’écriant : « Non ! pas même un doigt. » Mais une restitution du bras droit de Laocoon dans le groupe célèbre ne lui en est pas moins attribuée, et Cornacchini, vers 1730, eut le tort d’y substituer la sienne. Dès la première moitié du XVIe siècle, Montorsoli avait ajouté à l’Apollon du Belvédère les deux mains qui lui manquaient ; c’est lui qui avait placé dans la gauche l’arc qu’on y voit encore aujourd’hui.
A vrai dire c’était le respect même de l’art qui semblait alors commander la restauration des statues mutilées ; l’esprit critique, le souci de l’histoire de l’art s’éveillant, on y apporta seulement un sentiment plus discret. Toute une série continue de sculpteurs habiles, consciencieux, instruits, accepta volontiers ces tâches délicates. Il serait intéressant de suivre de près, et selon l’ordre des temps, les résultats de leurs efforts, qui montreraient à la fois, subissant une action réciproque, les vicissitudes du goût, les progrès de la science, et les influences spéciales de quelques-uns de ses interprètes.
Tel pourrait être cité, le Bernin par exemple, qui dans ses restaurations affectait et faisait accepter une manière à lui, de sorte que, pour l’antiquaire, devait s’ajouter plus tard à l’étude des différences entre les écoles antiques celle des distinctions à faire entre le style des réparateurs modernes. Au reste la témérité en ce genre, le désir de plaire à de riches et puissans acheteurs, l’esprit mercantile devaient être suscités par le nombre toujours croissant des collections luxueuses ; l’offre tendait naturellement à égaler la demande. Le cardinal Alexandre Albani, lors de la formation de sa première galerie, voulait surtout des portraits antiques : c’était la mode alors. On trouvait de fort beaux bustes composés de marbre aux plus belles couleurs mais auxquels souvent les têtes manquaient ; on y adaptait donc des têtes soit antiques, soit modernes, et l’on gravait au bas, fort au hasard, les noms les plus célèbres de la République ou de l’Empire. — A telle statue qu’un amateur venait d’acheter il fallait un pendant qui voulût bien s’adapter de caractère et de mesure.
Les fouilles étaient donc plus ardentes que jamais, la villa Adriana surtout paraissait inépuisable. Dès le XVe siècle, Pie II, ami des vieux monumens, remarquait les lamentables et admirables ruines de cette villa où l’empereur Adrien avait entassé tant de merveilles ; il y voyait encore de magnifiques restes de portiques, d’innombrables colonnes, des sculptures, des mosaïques, il déplorait « les appartemens des reines devenus des nids