ajoutés, je ne l’empêche nullement. » Nous la remerciâmes cordialement, ajoutent les ambassadeurs, et nous nous en allâmes avec une véritable surprise d’avoir trouvé en Sa Majesté une résolution si prompte et si ferme en ce qui concernoit cette affaire. Pour être plus sûrs, nous attendîmes dans l’antichambre pour parler à M. de Luçon et pour lui demander de faire l’expédition conforme aux intentions de la reine. Il sortit, « confirma les dires de Sa Majesté, ajouta qu’il alloit préparer l’instruction avec Mangot, et il joignit mille autres bonnes paroles d’obligation et de service pour notre République. »
Que fallait-il penser de cette attitude favorable ? Luçon marquait-il déjà l’orientation nouvelle, plus indépendante, à l’égard de l’Espagne, qu’il comptait donner à sa politique ? Était-ce simplement courtoisie et bienveillance banales, naturelles chez un nouveau venu qui désire se faire bien accueillir ? Cette résolution un peu prompte ne tenait-elle pas aussi d’une certaine ignorance des intérêts importans, engagés dans cette affaire d’apparence si simple ?
Quoi qu’il en soit, quelques jours après, Luçon reprend les concessions qu’il a faites un peu hâtivement. Il a probablement réfléchi aux conséquences d’une rupture déclarée avec l’Espagne sur cette question si grave des défilés alpins. Oui, la France interviendra dans les affaires d’Italie ; mais elle interviendra comme il lui convient, en médiatrice, en arbitre, non en adversaire déclarée de l’une des deux parties en cause. L’ambassadeur du roi auprès des Grisons, Gueffier, recevra donc l’ordre de travailler à l’alliance « sous la condition toutefois que des difficultés ne viennent pas de la part des Vénitiens. » En même temps, on donne à Gueffier « les ordres nécessaires au cas où les difficultés viendraient des Grisons ».
Quant aux affaires générales d’Italie, le point de vue de la cour de France n’est pas moins relevé : « Nous sommes venus à l’audience de la Reine Mère qui nous a dit qu’elle vouloit, comme son défunt mari, rétablir la paix en Italie, qu’il falloit que tout passât par les mains de son ambassadeur Béthune, si expérimenté et si bien disposé, que le dessein des Espagnols étoit manifeste et qu’ils vouloient être les seuls arbitres et dominateurs de la péninsule. »
En présence de cette double réponse, les, ambassadeurs sont-ils satisfaits ? Sur le premier point, non certainement. Car ce n’est plus l’adhésion nette et franche à leurs vues qu’on leur avait laissé espérer quelques jours auparavant. Cependant ils veulent douter encore et suspendent leur jugement. Quant au second point, ils semblent vouloir faire, de leur assentiment à la