Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atténuation de langage, la catégorique dureté. Les déclarations sur Metz et sur l’Alsace-Lorraine ont une valeur historique d’autant plus grande qu’il les a en partie renouvelées depuis devant le Reichstag, ou ailleurs, et il est bon, en tout cas, qu’elles ne demeurent pas inconnues. Enfin, pour ceux qui tiennent à étudier de près le caractère du grand antagoniste que le hasard des événemens, plus que ses intentions premières, avait placé en face de nous, le récit de cet entretien est peut-être de nature à éclairer davantage sa physionomie et à faire connaître le point de vue exact auquel il se plaçait au lendemain de la guerre franco-allemande.

En recevant cette dépêche, M. de Rémusat m’écrivit une lettre particulière dans laquelle il approuvait de tous points mon langage vis-à-vis du chancelier fédéral et dont j’extrais le passage suivant :

« Versailles, 20 août 1871.

« … Vous avez eu raison de le dire bien haut, nous voulons la paix, et c’est parce que nous la voulons franchement que nous souhaitons l’évacuation du territoire français par les troupes allemandes. Tant que cette évacuation n’aura pas lieu, la paix conservera les apparences d’une trêve, et des conflits inévitables empêcheront le retour à des sentimens pacifiques entre les deux nations.

« Quant à la Ligue alsacienne de Paris, c’est un projet qui n’a pris jusqu’ici aucune consistance, mais qui n’en est pas moins contraire au droit des gens et en contravention avec un article du Code pénal. La suppression de la Société a été ordonnée. Vous pouvez en donner l’assurance.

« Si nos négociations ont éprouvé quelque incertitude, cela tient à la diversité des lieux où elles ont été entamées et où nous avons affaire à des agens qui ne paraissent pas assurés de la nature et de l’étendue de leur pouvoir. »

Quant à l’incident même qui avait motivé surtout les plaintes du chancelier, c’est-à-dire la convention signée par le ministre des finances et le général de Manteuffel en dehors de lui, M. de Rémusat m’envoyait, dans une dépêche officielle, les explications que j’ai fait connaître plus haut et qui étaient de nature à lui restituer sa véritable portée. Ce fut un malentendu regrettable, mais momentané, et qui ne devait pas laisser de trace durable dans l’ensemble de nos relations. Voici, au surplus, le texte de cette dépêche officielle qui mit fin à l’incident.

« Versailles, 22 août 1871.

« Monsieur le marquis, les termes dans lesquels le prince de Bismarck s’est exprimé avec vous au sujet des pourparlers que nous