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LA COMPAGNIE A CHARTE
DE L’AFRIQUE ANGLAISE DU SUD


I

Le 29 octobre de l’an 1889, cinquante-troisième de son règne, l’impératrice-reine Victoria, défenderesse de la foi, daigna prendre en considération l’humble pétition qui lui était présentée par très noble duc d’Abercorn, compagnon de l’ordre du Bain, le très noble duc de Fife, chevalier de l’ordre du Chardon, lord Gifford, Cecil John Rhodes, membre du conseil exécutif et de la Chambre à la colonie du cap de Bonne-Espérance, Alfred Beit, George Grey et George Cawston. La pétition exposait entre autres que les demandeurs s’étaient réunis pour former une association qui serait dénommée Compagnie de l’Afrique anglaise du Sud ; que l’existence d’une compagnie puissante, ayant pour siège principal de ses opérations le territoire situé au nord du Bechuanaland et à l’ouest des possessions portugaises dans l’Afrique orientale (la Compagnie avait soin de ne pas s’imposer d’autres limites), servirait utilement les intérêts commerciaux et généraux de l’Angleterre ; que les demandeurs désiraient mettre à exécution divers traités et concessions obtenus de certains chefs et certaines tribus, et tous autres à obtenir, en vue de développer le commerce, la civilisation et le bon gouvernement, sans oublier la réglementation du trafic des spiritueux vis-à-vis des indigènes ; que l’exécution de leurs projets améliorerait le sort des habitans desdits territoires, amènerait la suppression du trafic des esclaves, l’ouverture de ces contrées à l’immigration européenne et au commerce légitime des Anglais et autres peuples ; que le succès de l’œuvre serait considérablement avancé si la reine daignait lui accorder une charte royale d’incorporation ; enfin que des