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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 janvier.


Le Parlement est rentré en session à la date constitutionnelle du second mardi de janvier, c’est-à-dire le 14 de ce mois ; mais il n’a pas encore fait grand-chose ; il attend les projets de loi que le gouvernement a annoncés, et qui ne peuvent manquer d’être incessamment déposés. En attendant, les deux Chambres ont renouvelé leurs bureaux. Cette opération n’a pas toujours une égale importance ; elle est quelquefois une simple formalité. Au début de cette année, la retraite volontaire de M. Challemel-Lacour au Sénat, et les candidatures multiples qui étaient posées à la Chambre, non pas pour le fauteuil de président que personne ne disputait à M. Brisson, mais pour les quatre sièges de vice-présidens, annonçaient une lutte dont le résultat ne devait pas manquer d’intérêt. Au Luxembourg, on a regrette la détermination de M. Challemel-Lacour, que des motifs de santé ont amené à décliner les hautes fonctions qu’il remplissait depuis plusieurs années déjà ; mais il a bien fallu s’y soumettre. Un grand nombre de candidats étaient en présence, et l’un d’eux, d’ailleurs très digne d’occuper la présidence, avait notoirement les préférences du Ministère. Nous ne sommes pas bien sûrs que cette faveur un peu trop marquée lui ait été utile. Quoi qu’il en soit, il n’a pas été élu, et le choix du Sénat s’est arrêté sur M. Loubet, candidat tout à fait indépendant et républicain modéré. Il serait peu convenable d’établir des comparaisons entre M. Loubet, M. Magnin, M. Constans, M. Bérenger : nous nous bornons à indiquer le sens politique qu’a eu l’élection du premier. En le choisissant, le Sénat n’a entendu déclarer la guerre a personne, mais marquer seulement que, lui aussi, était indépendant. Au Palais-Bourbon, nous avons dit que M. Henri Brisson n’avait pas de concurrent. Beati possidentes ! M. Brisson était déjà en possession du fauteuil, ce qui était pour lui une force, et ce qui mettait ses adversaires politiques dans une situation d’autant plus désavantageuse pour le lui disputer qu’ils n’avaient d’ailleurs aucun candidat en mesure d’affronter la lutte. Il n’en était pas de même des quatre sièges de vice-présidens : ils étaient tous occupés par des républicains modérés, et ceux-ci voulaient bien en abandonner un