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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/715

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quoi bon insister sur ces détails, aujourd’hui connus de tout le monde ? A quelque parti que nous appartenions en France, ceux d’entre nous qui sont allés à l’étranger en ont rapporté la même impression au sujet de nos congrégations religieuses et du concours qu’elles donnent à nos gouvernemens successifs, quels qu’en soient d’ailleurs le nom et la forme. M. Laroche a donc bien fait d’appeler à lui les trappistes de Staouëli, et pourtant nous ne sommes pas sûrs qu’il n’en sera pas blâmé. Il le sera certainement si le même esprit qui a provoqué le rappel de M. Lefebvre de Béhaine continue d’inspirer le ministère, et si le principe de notre politique au dedans, hier bon, mauvais aujourd’hui, infiniment variable et mobile, devient la règle instable de notre politique extérieure. Il y a dans ce rappel, que nous voulons encore ne pas croire définitif, de notre ambassadeur au Vatican toute une orientation nouvelle. Les circonstances lui donnent une signification sur laquelle il est impossible de se tromper. Et ce n’est pas seulement M. Lefebvre de Béhaine que nous défendons, c’est encore et surtout la politique dont il a été le représentant. Cette politique se définit en deux mots : bons rapports avec le saint-siège, union de tous les Français autour d’un même drapeau. Il parait qu’on n’en veutplus.


Nous aimons mieux nous tourner d’un autre côté, et parler de l’arrangement qui vient d’être conclu entre l’Angleterre et la France à propos du Siam. Cet arrangement est bon, et on a peine à comprendre qu’il ait été attaqué par quelques-uns de nos journaux. Serait-ce parce que, toutes les fois que nous tombons d’accord avec Angleterre sur un point du globe, il est convenu d’avance que nous ne pouvons qu’avoir été dupes ? Alors, il ne faudrait jamais s’entendre avec l’Angleterre. Nous pensons, au contraire, qu’il est sage de ne pas perdre une seule occasion d’effacer entre elle et nous une cause de mésintelligence ou de division. Si toutes pouvaient disparaître, rien ne serait plus heureux. Ce n’est jamais pour obéir à une hostilité préconçue que nous avons attaqué la politique anglaise, mais seulement lorsque nous l’avons trouvée en opposition avec nos intérêts et nos droits ; et la plupart du temps, sinon toujours, nous avons cru qu’avec une bonne volonté et une bonne foi réciproques il ne serait pas impossible de trouver une solution propre à concilier toutes les prétentions légitimes. C’est ce qui vient d’avoir lieu en Indo-Chine.

Depuis de longues années déjà, l’Angleterre et nous avons entamé par des côtés différens l’immense péninsule, et nous nous sommes trouvés finalement assez rapprochés les uns des autres pour qu’un règlement de nos situations respectives devint désirable et même urgent. Nous parlions ici même, il y a peu de temps, des difficultés qui s’étaient produites sur le haut Mékong. Là, le contact s’était établi