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est transparent ou opaque, mais pour quels rayons il est transparent. Au surplus, nous connaissons, depuis quelques années, des radiations autres que celles que nous envoie le soleil ; un physicien allemand qui, mort tout jeune encore, a laissé un des noms les plus illustres de la physique moderne, Heinrich Hertz, dont les expériences constituent le fondement désormais inébranlable de la théorie qui regarde la lumière comme un phénomène électro-magnétique, a réussi à produire, à l’aide de la seule électricité, des vibrations qui traversent avec la même facilité tous les corps non métalliques : le bois, le goudron, l’ébonite, les laissent passer comme l’air lui-même ; seuls les métaux les arrêtent quand on les prend sous une épaisseur suffisante.

Enfin, dans des expériences qui ne datent pas de plus de deux ans, on avait réussi à produire des radiations qui ne se rapprochent pas beaucoup de la lumière et vis-à-vis desquelles les différens corps jouaient, au point de vue de la transparence, un rôle assez singulier ; examinons leurs principales propriétés.

La décharge électrique présente des caractères tout différens suivant qu’on la produit dans l’atmosphère ou dans un gaz raréfié. Dans l’air ordinaire, elle consiste en une étincelle qui produit sur l’œil l’impression d’un trait de feu sinueux très brillant et très délié ; elle est accompagnée d’un crépitement caractéristique. Mais qu’on scelle les extrémités des fils entre lesquels se produit la décharge dans un tube qui contienne un gaz très raréfié, et l’on verra apparaître, dans toute la largeur du tube, des lueurs phosphorescentes, dont la teinte et l’aspect. varieront beaucoup suivant les circonstances. La lumière pourra être continue, ou bien on pourra voir des alternatives d’éclat et d’obscurité constituant ce que l’on appelle la décharge striée ; dans certains cas, enfin, on observera, non seulement dans l’intérieur du tube, mais sur le verre lui-même, une lueur d’un vert jaunâtre qui se distingue complètement, par ses caractères, des autres apparences lumineuses. C’est à deux physiciens allemands, Híttorf et M. Goldstein, qu’on doit les premières études sur cette lumière et son origine. Le phénomène ne se produit que dans des tubes où la raréfaction a été poussée extrêmement loin ; il faut que l’appareil ne contienne plus que la millionième partie environ de l’air qu’il renfermerait s’il était en communication avec l’atmosphère ; si l’on s’éloigne de cette proportion, soit en plus, soit en moins (et la technique opératoire nous permet d’obtenir des vides encore beaucoup plus parfaits), le phénomène disparaît : il exige donc, pour se produire. la présence d’une quantité de matière extrêmement faible, mais néanmoins parfaitement appréciable.

Cette lueur spéciale ne fait pas partie de la décharge proprement dite, qui va d’un pôle à l’autre. Elle émane du pôle négatif, ou, comme