l’histoire du monde animé nous montre en présence le terrible dualisme si connu des philosophes de l’antiquité : la lutte du bien et du mal, de la formation et de la destruction, de la vie et de la mort. Les êtres ont une puissance de multiplication qui a rencontré celle de la destruction. La première l’a emporté : les êtres anciens ont eu des organes particuliers de défense qui leur ont permis de résister et de se multiplier.
Beaucoup de polypes primaires ont été des tabulés, c’est-à-dire des animaux abrités par des murailles et des tables. Un plus grand nombre ont été des rugueux où la substance pierreuse était plus abondante encore que la substance vivante, et l’enveloppait de toute part dans un réseau vésiculeux ; il y en avait qui portaient un couvercle.
Plusieurs des premiers échinodermes ont été tellement enfermés qu’on a imaginé pour eux le nom de cystidés. Ceux qu’on appelle des blastoïdes ont été presque aussi bien enveloppés. Chez les crinoïdes proprement dits, les viscères, au lieu d’être à nu, comme dans les genres des époques plus récentes, ont été couverts par une voûte.
Les brachiopodes articulés, très répandus dans les mers primaires, ont leurs valves engrenées l’une dans l’autre, de telle sorte qu’elles se séparent difficilement. Ces animaux ne pouvaient servir de proie à moins que leur test fût percé.
Les mollusques bivalves, ptéropodes et gastéropodes, ont été et sont encore protégés le plus souvent par une coquille.
Les céphalopodes anciens ont été enfermés, et même chez plusieurs l’ouverture de la coquille, par laquelle l’animal se mettait en rapport avec le dehors, était très contractée. C’est seulement depuis l’époque du Lias qu’il y a des céphalopodes à corps complètement nu comme les seiches et les calmars de nos mers. On observe chez eux un curieux moyen de diminuer les dangers auxquels leur nudité les expose : ils ont une poche à encre, et, quand ils sont inquiétés, ils la pressent de sorte que l’eau, noircie autour d’eux, leur permet de se dissimuler à leurs ennemis. Les poches à encre ne sont pas rares dans le Lias.
Le nom de crustacé indique un être protégé par une carapace ; or les temps anciens ont vu le règne des crustacés : trilobites, ostracodes, mérostomes. Tous ces enfermés ont été dans des conditions favorables pour se conserver.
Plusieurs des premiers poissons ont présenté cette singulière particularité qu’ils avaient des enveloppes aussi dures que les crustacés. Les poissons osseux ont eu pendant longtemps des écailles brillantes, dites ganoïdes, formant une cuirasse impénétrable.