pour faire fortune ; on prétend que 24 lapins donnent par an 720 lapins et qu’en doublant ce chiffre on peut avoir 1 000 francs de rente. Peut-être cette assertion est exagérée, mais ce qui est certain, c’est que les lapins se reproduisent avec une facilité singulière. En 1862, M. Austin a porté des lapins en Australie pour le plaisir de la chasse ; cette introduction a été un désastre ; les lapins se sont tellement multipliés que des milliers d’hectares sont ravagés et des milliers d’hommes ruinés. Suivant une statistique faite il y a trois ans, on aurait compté du sud de Victoria au nord de Queen’s land 20 millions de lapins.
Brehm dit qu’on a détruit en quinze jours dans le canton de Saverne un million et demi de campagnols (Arvicola arvalis) et qu’une fabrique de Breslau ayant proposé un centime par douzaine de campagnols, quelques paysans en livrèrent 1400, par jour. Charles Martens a donné de curieux détails sur les troupes immenses des lemmings de Norvège (genre myodes).
Dans les Montagnes Rocheuses, j’ai été frappé de la multitude des écureuils ; nous en rencontrions à chaque pas en traversant les régions boisées.
Alcide d’Orbigny raconte qu’étant à Carmen de Moxos, il faillit être suffoqué dans sa maison par l’odeur du musc ; cette odeur était due à des milliers de chauves-souris qui se tenaient pendant le jour sous les toits.
Les mammifères marins, avant qu’ils eussent été poursuivis activement par l’homme, étaient aussi très nombreux. Buffon dit qu’en 1704, près de l’île de Cherry, à 75° de latitude, l’équipage d’un navire anglais rencontra un troupeau de plus de mille morses.
Malgré la multitude des êtres qui ont disparu aux diverses époques, je pense que la somme des apparitions a surpassé celle des extinctions jusqu’à la fin de la période, miocène. Je n’ose pas assurer que, depuis cette période, il n’y a pas eu quelque diminution ; mais ce qu’on peut affirmer c’est qu’il y a de nos jours une fécondité prodigieuse.
De la différenciation des êtres. — Si un artiste compose une série de variations sur un même air, nous pouvons dire qu’il a du talent. Lorsque, au lieu de simples variations, il invente des airs différens les uns des autres, nous pensons que c’est un génie créateur.
En parcourant la série des âges géologiques, les paléontologistes