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L’ŒUVRE DE COROT
ET LE PAYSAGE MODERNE

On pourrait de deux mots barbares et dans un raccourci sans doute un peu forcé) résumer l’œuvre de Corot et marquer sa place dans l’histoire de la peinture française. en disant que sorti de « l’académisme » il ouvrit les voies à « l’impressionnisme ». Comment, sous quelles influences et dans quelle mesure s’accomplit cette évolution qui fut celle de la peinture moderne elle-même ? C’est ce que l’examen de quelques-unes de ses œuvres caractéristiques. étudiées à leur date et dans leur milieu permettrait peut-être d’indiquer.


I

Il est inutile de revenir, après tant d’autres, sur sa biographie, d’ailleurs sans aventure ; il suffira d’en retenir deux faits : la date de sa naissance, 1796 ; et l’impérieuse vocation qui, en dépit de la résistance de parens respectés et obéis, fit d’un commis en draperie un des maîtres de la peinture. Quand, à force de doux entêtement, il obtint la permission de quitter le comptoir pour l’atelier, il avait passé le temps de l’apprentissage ; il avait 26 ans ; en était en 1822.

À cette date, l’école moderne de paysage n’existait pas encore, mais « le genre du paysage », ses lois et ses variétés, avaient fait, depuis la fin du siècle précédent, chez les esthéticiens, les amateurs et les artistes, l’objet de discussions et de recherches dont il n’est pas indifférent d’essayer de marquer nettement le « moment » et les tendances, d’ailleurs contradictoires.