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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 134.djvu/571

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UNE CORRESPONDANCE INEDITE
DE
PROSPER MÉRIMÉE

TROISIÈME PARTIE[1]


Paris, 26 octobre 1858.

Madame,

Je suis arrivé ici il y a quelques jours en assez bon état de conservation, mais avec le remords d’être resté bien longtemps sans vous donner de mes nouvelles. Je crois vous avoir écrit après avoir quitté Venise, m’en retournant par Gênes à Paris. Tel était du moins mon projet, mais le temps était si beau, la mer si calme, que je me suis senti invinciblement appelé à Florence. J’y ai passé un mois qui s’est écoulé comme un jour, formant souvent le dessein de vous écrire, et un peu honteux de vous dire que j’étais là sans avoir pris vos commissions. Je voulais cependant prendre mon courage à deux mains et aller voir de votre part Mlle de F… Malheureusement elle n’était pas à Florence. En revanche j’y ai rencontré Ampère, que je croyais à Rome et qui m’a servi de cicérone à Fiesole et autres lieux.

Je vous ai avoué, je pense, que la première vue de Venise ne m’avait guère plu. J’en suis sorti le cœur gros. Il n’en a pas été de même à Florence. J’ai été ravi dès mon arrivée, et cela

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 mars.