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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 134.djvu/591

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patriarche et se fit le chef de la religion. Il changea aussi la liturgie d’une manière notable. Ces altérations n’ont pas été toutes adoptées, et il y a toujours eu des protestations. La plupart des sectaires tiennent pour les vieilles pratiques antérieures à Pierre le Grand. D’autres ont adopté quelques-unes des opinions des puritains ; enfin il y en a qui font toutes les extravagances possibles et qui font même du suicide un article de foi. Les Grecs disent avec beaucoup de raison, je crois, qu’ils sont beaucoup plus près de la primitive Eglise que les catholiques. Les catholiques, d’un autre côté, disent qu’ils n’ont pas ajouté, comme on le leur reproche, mais qu’ils ont développé. D’ailleurs, en dépit de Bossuet, je ne trouve pas que les variations des églises réformées soient une preuve de la fausseté de leur dogme. Les catholiques ont, dans l’organisation de leur Eglise un pouvoir interprétant. Il est clair que tant que ce pouvoir interprétant sera reconnu, on ne pourra l’accuser de divisions et de variations. On peut comparer l’Écriture à un recueil de lois, le Saint-Siège à la cour de cassation, Au moyen de la cour de cassation, on supplée toujours à l’insuffisance de la loi. Mais comment avoir une cour de cassation toujours composée de jurisconsultes habiles ?

C’est assez, ce me semble, de trois pages de théologie. J’aurais mieux fait de vous parler de mon livre russe, qui me semble bien fait et qui m’intéresse. Mais il y a des choses encore plus intéressantes. Vous me faites venir l’eau à la bouche en me parlant de l’Ecosse et de la chance de vous y rencontrer. Malheureusement, je suis toujours dans la même incertitude sur mes voyages. Vous me reprochez de ne pas parler ouvertement et de détourner la conversation, dans les rares occasions où nous avons pu causer. I was not aware of the fact. Mais il est possible. Alors cela a tenu sans doute à deux causes : ou bien j’ai craint de dire quelque chose qui vous déplût, ou bien j’ai craint d’être engagé sur un sujet pénible, sans avoir de soulagement ou de consolation à espérer. Quand on ne croit guère à la médecine, il ne faut pas parler de ses maladies. Mon malheur à moi c’est de connaître très bien les miennes et de les savoir incurables. Je vois avec peine que vous faites grand cas de Waller Scott. Je l’ai beaucoup aimé ; maintenant, je ne puis le relire. Il a des rabâchages qui m’excèdent, et c’est un petit esprit et une nature basse. En littérature, c’est une manière de Gérard Dow qui peint merveilleusement une cruche, et qui n’a jamais su faire une figure. Dans le temps où les romans historiques sont revenus à la mode, il a exploité habilement ce genre bâtard et il a fait de détestables disciples. Il a donné des idées fausses sur l’histoire, comme le Voyage du jeune Anacharsis a donné des idées fausses sur