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LE DERNIER VOYAGE D'EXPLORATION
DU PRINCE HENRI D'ORLEANS

La Société de géographie a résolu de décerner cette année sa grande médaille d’or au prince Henri d’Orléans, comme témoignage d’admiration pour le beau et hardi voyage qu’il vient d’accomplir du golfe du Tonkin au golfe du Bengale, en compagnie de M. Roux, enseigne de vaisseau, chargé surtout du service de la carte, et de M. Briffaud, l’un de nos premiers colons au Tonkin, qui a rempli la délicate et pénible mission de diriger la caravane. Le prince Henri, qui a pris et rapporté beaucoup de notes, publiera un récit détaillé de sa laborieuse expédition ; il en a fait le 11 mars un récit succinct à une très nombreuse assemblée que le grand amphithéâtre de la Sorbonne avait peine à contenir. On l’a écouté avec une religieuse attention ; on a vivement goûté la manière simple et sobre, la bonne grâce, la modestie du narrateur ; on a décidé d’une commune voix qu’il avait su mieux que personne « se faire pardonner d’être prince », qu’il avait bien mérité sa médaille d’or et la croix qui lui a été offerte par le gouvernement de la République.

Ayant déjà fait deux voyages dans l’Indo-Chine, il s’était proposé cette fois d’explorer les montagnes de l’Annam. Il s’est ravisé, il a pensé faire une œuvre plus utile en parcourant les provinces chinoises situées au nord de nos possessions, et qu’on peut considérer comme la zone de notre future expansion commerciale. Les trois voyageurs ont visité les plus importans marchés du Yunnan occidental et recueilli des renseignemens qu’il ne tiendra qu’à nous de mettre à profit. Ce ne sont pas seulement nos commerçans qui leur auront des obligations, ils ont travaillé pour les géographes. Ils ont traversé des contrées où aucun Européen n’avait encore pénétré. Ils ont parcouru près de 600 kilomètres dans un pays où des Anglais avaient déclaré qu’il