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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 134.djvu/867

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Napolitaine et son manteau soi-disant catalan. Cela n’empêche pas qu’elle ne se soit fort bien conduite à Gaëte et qu’elle n’ait tiré tout le parti possible de la situation, cela n’empêche pas qu’il ne faille pas mettre des bottes dans une ville où on ne peut aller à cheval, ni se masquer pour soigner des blessés. Oserai-je vous demander si Mme la duchesse de Berry eût fait pareille chose ? Pour Ferdinand II quand on a dit qu’il avait fait son devoir trop tard, malheureusement il me semble qu’on parle bien et sérieusement. Si vous lui donnez du héros, etc., que pourrons-nous dire, nous autres pauvres diables de prosateurs, quand nous voudrons parler de Léonidas, de Charles XII, et de quelques autres rois qui avaient encore plus de mérite et autant de courage ?

Mon Bulgare est plus ressemblant que l’ours, bien qu’il posât beaucoup moins bien, mais j’ai peu d’habitude avec les ours. Que ferons-nous de ce monde-là, je parle des Bulgares, en Orient ? Je suis de ceux qui croient que le malade de l’Empereur Nicolas est pour tout de bon à l’agonie. Il n’y a pas trop à le regretter. Mais ses héritiers ne valent pas mieux que lui.

Je vous demande bien pardon de ne pas m’être rappelé notre visite au Musée de Cluny. Je nie rappelais très bien que nous avions fait une expédition ensemble, mais je ne me souvenais plus où nous étions allés. Nous pourrons voir l’Ecole des Beaux-Arts où il y a de nouveaux moulages rapportés par le fils de M. Lenormant, qui est mort en Grèce. Les chinoiseries ne vous auraient pas trop intéressée je crois, d’après ce qu’on m’en a dit, car je ne les ai pas vues. Mais il y avait la collection d’armures du prince Soltykof que je connaissais et qui sont vraiment belles. Si j’avais su que vous fussiez à Paris, je vous aurais proposé de les voir sans penser que vous pussiez y avoir quelque objection. Je conçois qu’on n’aille pas voir les gens pour lesquels on n’a pas de goût, mais pourquoi ne pas visiter les choses que l’on aime ? Nous nous serions querellés sur la chevalerie et les chevaliers qui, malgré toute la poétique ferraille qui les couvrait, ne valaient pas nos militaires modernes sachant braver des dangers beaucoup plus grands qu’autrefois, sans armure défensive et recevant la mort sans la donner. Croyez que le courage a fait quelque progrès depuis la belle invention (quoique bien démocratique) de la poudre.

Comme j’arrive des pays barbares et que je ne me suis pas encore trop mis au courant, je n’ai appris que l’autre jour le mariage prochain de Mme de H… Il me semble que c’est ce qu’on appelle un beau mariage. Je la crois une excellente femme et elle a, à mon avis, presque toutes les bonnes qualités de sa mère, et quelque chose de sa grâce. Je ne connais guère le futur. On ne le dit pas très fort. Si c’est un bon homme, c’est quelque chose.