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paquebots et de câbles sous-marins. Puis, outre tous ces sujets d’étude dont avait à tenir compte l’Administration des postes et des télégraphes survint tout à coup le merveilleux instrument appelé téléphone, dont on n’aurait pu dire le premier jour que ce fût autre chose qu’un jouet de laboratoire et que l’on fait résonner aujourd’hui, de nuit comme de jour, entre Paris et Londres ou Bruxelles. Ce sont en quelque sorte les nouveautés de l’Administration des postes et télégraphes pendant ces vingt ou trente dernières années dont il va être question.


I. — LES RECOUVREMENS, LA CAISSE D’ÉPARGNE ET LES COLIS POSTAUX

A notre époque, la vente de marchandises à terme est, personne ne l’ignore, beaucoup plus importante que la vente au comptant, et la vente à terme se termine par la présentation au débiteur, le jour de l’échéance, d’une traite à payer. Or, si la négociation et le recouvrement des traites ne présentent pas de difficultés dans les villes où siègent des banques qui ont leurs guichets ouverts et des garçons de recettes, il n’en est plus de même dans les petites localités, dans les communes rurales, ni surtout dans les habitations isolées. En bien des endroits, les banquiers avaient recours à l’intermédiaire des facteurs ruraux, commissionnaires bénévoles des communes qu’ils visitent chaque jour. Un vieux directeur avait coutume de dire que la probité, l’exactitude et la sobriété sont les trois vertus théologales du facteur, et, en fait, le personnel de ces modestes agens est recruté et surveillé avec tant de soin que les défaillances y sont rares. Cependant il était imprudent de leur laisser sans contrôle le maniement de sommes parfois considérables, et puis le recouvrement des effets de commerce n’était que facultatif de leur part.

Le recouvrement des traites par la poste s’effectuait déjà en Allemagne, en Suisse et en Belgique, lorsque M. Cochery, ministre des Postes et des Télégraphes, se fit autoriser, par la loi du 5 avril 1879, à l’établir en France. Ce n’était pas sans hésitation qu’il entreprenait d’ajouter un supplément de travail à ses bureaux qu’il savait déjà surchargés. Aussi le nouveau service était-il restreint dans le principe aux valeurs inférieures à 500 francs et payables sans frais ; les grandes villes, où les banquiers ne manquent pas, en étaient exclues. Puis les restrictions locales furent levées peu à peu ; les traites furent acceptées jusqu’au maximum de 2 000 francs. L’organisation de ce service est en somme très simple ; le créancier envoie les traites à recouvrer sous pli recommandé au receveur de la résidence du débiteur ;