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tous les paquebots anglais. La compagnie française, privée de l’élément principal de son trafic, réduite à la seule subvention de l’Etat, fut contrainte de rétrocéder le marché à son concurrent. Au surplus, il ne s’agit, dans ce cas-ci, que d’une petite affaire ; la subvention annuelle est maintenant réduite à 100 000 francs.

Le service de la Corse, avec six ordinaires par semaine, figure au budget pour une subvention de 355 000 francs.

C’est en 1851 que les bâtimens de la marine de guerre cessèrent d’effectuer les transports entre la France et l’Algérie. Sur cette ligne, les dépêches étaient un accessoire, les transports de troupe et de matériel étant l’élément essentiel du trafic. Les marchés furent d’abord préparés et conclus par les ministres de la Guerre et de l’Intérieur, et seulement à partir de 1879 par le ministre des Postes et des Télégraphes. Devenue concessionnaire des lignes d’Algérie, à la suite d’une adjudication publique, la Compagnie transatlantique eut souvent à remanier ses parcours, soit à la demande du gouvernement, comme il advint au moment de l’expédition de Tunisie, qui fit créer plusieurs départs hebdomadaires directs entre Marseille et Tunis ; soit d’office et comme conséquence du développement considérable que prirent, en ces dernières années, les exportations algériennes. En même temps, la vitesse de marche des paquebots s’accroissait ; c’est ainsi que la durée de la traversée entre Marseille et Alger qui dépassait quarante-huit heures, il y a quarante ans, se trouvait réduite d’abord à trente-quatre heures, — le cahier des charges exigeant une vitesse de 12 nœuds et la distance étant de 417 milles, — puis à trente heures, et enfin à vingt-quatre, grâce à la mise en marche de navires à machines plus puissantes. Enfin en 1895, à la veille de l’expiration du marché en cours, l’Administration des postes et la Compagnie transatlantique étaient d’accord pour renouveler un contrat dont les conditions s’étaient progressivement améliorées au profit du public et qui ne coûtait d’ailleurs que 880 000 francs par an au budget de l’Etat. Mais les représentais de Marseille et ceux de l’Algérie firent valoir qu’il existait plusieurs entreprises de navigation concurrentes, qu’il était contraire au principe de la liberté de l’industrie de donner à l’une d’elles le monopole des transports du gouvernement et que l’Administration des postes ferait mieux de confier ses dépêches à tous les bâtimens en partance, sauf à encourager les parcours les plus rapides au moyen d’une prime de vitesse. C’est le système aujourd’hui en vigueur et dont les résultats ne paraissent pas défavorables quant à présent.