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Les explorateurs ont traversé l’Afrique en tous sens ; mais le télégraphe n’a suivi leur trace que de loin jusqu’à présent. La sécurité n’y est pas assez complète ; les postes occupés par des Européens sont trop distans. De Ghardaia, point extrême du réseau algérien à Ségou, où s’arrête le réseau sénégalais, il y a bien loin. Il y a plus loin encore du Matabelé à la Nubie. En attendant, des câbles sous-marins s’allongent de port en port tout autour du continent. Le périple de l’Afrique est complet, et lorsque, par exemple, une interruption se produit sur le câble d’Aden à Zanzibar, on a la ressource de télégraphier par la côte occidentale, en passant à Bathurst, le Cap et Mozambique. Il y a du retard alors, comme on peut croire. Nous nous en sommes bien aperçus pendant les campagnes du Dahomey et de Madagascar. Au surplus on ne peut compter ici sur la concurrence, sauf de Cadix au Sénégal que desservent les deux compagnies du Brésil. Du Cap Vert à Aden par le Cap, les câbles appartiennent à deux ou trois compagnies qui ont chacune leur champ d’action particulier, à part quelques parcours communs de peu de longueur. Quant au trajet d’Aden à Alexandrie, il appartient à la puissante compagnie d’Extrême-Orient dont il va être question.

En l’état actuel du commerce et de la politique, il n’est pas de communication lointaine qui importe plus que celle de l’Extrême-Orient, après celle de l’Amérique du Nord si l’on veut. Beaucoup de gens trouveraient que quelque chose de grave est dérangé s’ils n’avaient chaque jour des nouvelles de l’Indo-Chine, de Shanghaï et du Japon. Deux lignes bien différentes y pourvoient. L’une, d’achèvement assez récent, emprunte les réseaux terrestres de la Russie et de la Sibérie jusqu’à Wladiwostok et se continue de là par des câbles sous-marins jusqu’à Shanghaï et Hongkong. Ces câbles appartiennent à la compagnie qui nous relie en Europe à la Russie sans autre intermédiaire que le Danemark, au moyen de câbles immergés dans la Baltique et la mer du Nord. L’autre voie passe au sud de l’Asie. Elle est formée d’abord par une compagnie des plus riches et des mieux outillées, — elle possède quatre câbles de Suez à Adon et trois d’Aden à Bombay, — puis, par Malte, Marseille, Gibraltar et Lisbonne, se relie à l’Angleterre et à tous les riverains de la Méditerranée.

Le réseau terrestre de l’Inde assure le parcours de Bombay à Madras. De cette ville, une autre compagnie, en étroite relation avec la précédente, a immergé plusieurs câbles qui vont à Singapour, Saigon et Hongkong, descendent au sud vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande et remontent au nord jusqu’à Shanghaï. La