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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 135.djvu/156

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Vous en aurez au firmament.
Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.
En vous remerciant, madame,
De vos bienfaits et de vos dons ;
Ce n’est pas pour nous, le présent :
C’est pour la Vierge et son enfant.
Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.


Et le cortège des robes blanches, animant la campagne endormie,


S’en va toute la nuit chantant
A l’arrivée du doux printemps.


L’aube se lève sur le village tout paré de verdure. Des branchages s’enlacent aux portes, au faîte des maisons, à l’entrée des étables aussi, afin que les mauvais sorts soient conjurés. Les filles trouvent sur leurs fenêtres des « mais », hommages furtifs d’amour : myrte, chêne, réséda, lierre, souci, parfois porteurs de devises naïves : mai de chêne, je vous aime ; mai de core, je vous adore ; et pour les filles de mauvaise renommée, il y a des mais railleurs et injurieux : peuplier, bois sec, bois d’épine, sureau, corbier, cardonette, ou bien une traînée de paille qui court de leur porte à celle de leur galant supposé. Des rites singuliers s’accomplissent, divers selon les lieux : ici, en Saintonge, les garçons qui veulent être aimés vont en secret se rouler dans la rosée, ce qui s’appelle prendre l’aiguaille de mai ; ailleurs, en Vendée, les paysans plantent sur leur fumier une tige d’aubépine, pour que le blé en grange ne germe pas ; en beaucoup de pays, on fouette les bêtes d’un coup d’une baguette nouvellement coupée, pour leur assurer force et fécondité ; ou bien l’on promène par les rues l’un des jeunes arbres enlevés au bois pendant la nuit ; on le plante, et il flambera plus tard dans le feu de la Saint-Jean, image de la végétation printanière que l’été féconde et brûle. Mais l’acte rituel où se manifeste le symbole central de ces fêtes est celui qui célèbre de mystiques épousailles : dans les environs de Briançon, un garçon recouvre tout son corps de feuillages cousus à ses vêtemens, se couche dans les herbes, feint de dormir ; un cortège vient vers lui ; une jeune fille s’en détache, qui l’éveille par un baiser. Dans toute l’Europe, on connaît encore la reine de mai, Maikönigin, Milady of May, reine de Printemps dans la