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manifeste pendant les dix dernières années ; une des parcelles sans engrais donne en moyenne 11hect, 47 et l’autre 9hect, 22.

Si, au lieu de soumettre le blé à la culture continue pendant les trente-deux ans écoulés de 1852 à 1883, on l’avait introduit dans l’assolement quadriennal, l’absence complote d’engrais aurait été bien moins funeste ; tandis qu’en culture continue l’hectare ne donne que 7quin, 26 correspondant à 9hect, 6 de grain, en assolement il fournit 15quit, 3 ou 20hect, 4.

Le blé est donc une plante robuste qui, sous un bon climat, donne toujours des récoltes, alors même qu’on ne fait pour elle aucune dépense d’engrais.

Pendant les trente années qui se sont écoulées de 1852 à 1883, une très forte fumure de fumier de ferme de 35 000 kilos à l’hectare n’a poussé la récolte à Rothamsted qu’à 30het, 15 ; une parcelle voisine ne recevant pas de fumier, mais seulement le mélange de nitrate de soude, de superphosphates et de sulfates alcalins désigné sous le nom bizarre d’engrais chimique a donné une récolte semblable de 29hect,46 on culture continue.

Deux conclusions importantes découlent de cette expérience prolongée pendant assez longtemps pour éliminer l’influence perturbatrice des saisons : un blé quelconque, n’appartenant pas à une variété très prolifique, ne profite pas autant qu’on serait porté à le croire de l’abondance des fumures ; en outre, le blé vit très bien sur des engrais ne renfermant pas de matières organiques, origines des composés humiques ; en revanche, il est nécessaire que la fumure comprenne des matières minérales et des engrais azotés ; les expériences exécutées à Rothamsted le montrent très clairement. Pendant les trente années 1852-1883, la parcelle qui n’a reçu que les engrais minéraux sans azote a donné 13hect, 72, ne surpassant que faiblement la parcelle sans aucun engrais ; quand à cette fumure minérale on a ajouté 48 kilogrammes d’azote, donnés sous forme de sulfate d’ammoniaque, la récolte a monté de 8 hectolitres, elle a atteint 21h, 71 ; elle s’est élevée encore de 8 hectolitres ; quand on a donné 96 kilos d’azote toujours sous forme de sulfate d’ammoniaque, elle a été de 29h, 47 ; en augmentant encore la dose de sulfate d’ammoniaque, en répandant 720 kilos par hectare, ce qui correspond à 144 kilogrammes d’azote, on a obtenu 32hect,62. Ainsi une fumure extrêmement copieuse n’a pas conduit à une récolte très abondante ; il est bien à remarquer au reste qu’en employant 860 kilos de nitrate de soude, ce qui correspond seulement à 96 kilos d’azote, la récolte a été également de 32hect, 62. Les nitrates se sont donc montrés beaucoup plus efficaces que les sels ammoniacaux. Ainsi, il ne suffit pas de prodiguer les engrais pour atteindre les hauts rendemens ;