de nos affaires extérieures, d’un homme qui en ait l’expérience. M. Hanotaux a su les diriger avec supériorité, et il s’est concilié à la fois l’estime des gens du métier et la confiance du pays. A la guerre et à la marine, contrairement à ce qu’avait fait son prédécesseur, M. Méline a appelé des spécialistes : il a donné le général Billot pour successeur à M. Cavaignac, et l’amiral Besnard à M. Lockroy. L’un et l’autre ont fait leurs preuves, et le premier même depuis longtemps. Les autres ministres dès maintenant connus sont M. Georges Cochery, que sa présidence de la commission du budget et le rôle important qu’il a joué dans la discussion de l’impôt sur le revenu désignaient pour les finances ; M. André Lebon, ancien ministre du commerce, qui passe aux colonies ; M. Rambaud, un nouveau venu dans la vie politique, récemment nommé sénateur, professeur d’histoire et publiciste distingué, auquel on confie le ministère de l’instruction publique. C’est encore un spécialiste. Si le ministère reste ainsi composé et si au dernier moment, toujours sous prétexte de conciliation, on n’y fait pas entrer un lot de radicaux, il méritera l’approbation. Heureusement la colère des radicaux permet d’espérer qu’aucun d’entre eux n’acceptera les propositions qu’on pourrait avoir la faiblesse de leur faire. Il faut s’attendre plutôt à d’ardentes batailles. Avant même que le cabinet soit constitué, M. Goblet et ses amis annoncent l’intention de l’interpeller. C’est au centre maintenant à soutenir M. Méline et ses collègues. L’existence du cabinet est entre ses mains.
Mais qu’on ne s’y trompe pas ; l’existence de la Chambre elle-même dépend un peu de celle du ministère. Nous avons posé la question de savoir si, oui ou non, il y a une majorité au Palais-Bourbon, et nous avons dit les raisons d’en douter. S’il n’y en a pas, l’impossibilité de subsister plus longtemps dans de pareilles conditions sera démontrée non seulement pour le cabinet, mais pour l’assemblée elle-même. Les radicaux parlent beaucoup de la révision depuis quelques jours ; ce serait toutefois une erreur de croire que la révision soit en progrès ; mais il n’en est pas de même de la dissolution. Ceux mêmes qui ne la désirent pas y marchent, y poussent inconsciemment, et pourraient bien finir par la rendre inévitable.
Au milieu de circonstances politiques si confuses et si agitées, est mort un des hommes qui, par la merveilleuse clarté de son esprit, sa grande expérience, enfin l’autorité qui s’attachait au souvenir des services qu’il avait rendus, pouvait en rendre encore de plus en plus précieux : nous voulons parler de M. Léon Say. Ce n’est pas ici le lieu de raconter sa vie, qui a été une des mieux remplies de notre époque. Il nous suffira de rappeler qu’après nos désastres M. Léon Say a été à plusieurs reprises ministre des finances, et qu’il a contribué de la manière la plus efficace au succès des opérations qui nous ont permis de