intervenir entre la France et la Savoie. Cette insertion, dans un acte international, leur aurait donné à ses yeux plus de solennité. Il faisait parvenir à Louis XIV l’expression de ce désir, mais celui-ci n’y voulait point consentir. « Je ne vois pas, écrivait-il à Tessé, quelle raison le duc de Savoye pourroit avoir de souhait-ter que le contract de mariage de mon petit-fils le duc de Bourgogne avec sa fille soit inséré tout entier dans le traitté qui doit estre encore signé et ratiffié nouvellement, lorsque le duc de Savoye le déclarera. Il suffit que les articles du traitté expriment aussy précisément qu’ils le marquent que ce mariage en est une des conditions, et le contract qui doit estre signé par les parties est un acte qui en est entièrement séparé. C’est ce que vous devés faire connoître au prince, s’il vous en parle, et le traitté des Pyrénées est un exemple qu’il ne peut refuser de suivre[1]. »
L’exemple que donnait Louis XIV n’était pas très heureusement choisi, car c’était précisément le souvenir de ce qui s’était passé, presque au lendemain du traité des Pyrénées, qui excitait les appréhensions de Victor-Amédée. Aussi Tessé, adroit négociateur, n’avait-il garde de faire usage de l’argument qui lui était suggéré, et, dans sa réponse à Louis XIV, il enveloppait une leçon de diplomatie des formes du respect. « Nous surmonterons cette difficulté, écrivait-il à Louis XIV[2], dont je me suis bien gardé de me servir de l’exemple que Vostre Majesté me donne de celuy du traitté des Pyrénées, ayant découvert que c’est cella uniquement qui avoit donné à M. de Savoye fantaisie de désirer que le contract et la renonciation fissent corps du traitté, pour rendre les dittes renonciations plus valables ; attendu qu’ayant été faites au traitté des Pyrénées par un acte séparé, elles n’ont point été valables, comme le sçait bien Vostre Majesté », ajoutait un peu ironiquement Tessé.
Rebuté sur ce point, Victor-Amédée en était réduit à entourer du moins cette renonciation de toute la solennité et de toutes les garanties qui se puissent imaginer. Les meilleurs jurisconsultes de la couronne s’y appliquaient. Pendant que le procureur général Rocca étudiait les précédens, et prouvait par ses recherches que la coutume des États acquis par la maison de Savoie excluait les filles de l’hérédité, ceux qui étaient chargés de préparer le texte même du contrat s’efforçaient d’accumuler toutes les garanties, et de prendre toutes les précautions pour que la validité des renonciations de la princesse ne pût jamais être mise en doute. En effet l’article VI du contrat de mariage, qui était à lui seul plus