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L'AUSTRALIE
ET LA NOUVELLE-ZÉLANDE

Les possessions anglaises dans le Pacifique du Sud, le continent d’Australie et les grandes îles de la Nouvelle-Zélande sont le plus splendide monument du génie colonisateur de la race britannique. Exclus de la plus belle partie de l’Amérique à la fin du siècle dernier par leurs propres descendais, les Anglais ont tourné leur activité vers les régions bien plus lointaines des antipodes, et l’empire colonial qu’ils y ont édifié en cent ans est plus riche et plus populeux que ne l’était en 1776 celui qu’ils ont perdu. Sans doute la nature les a beaucoup aidés et, sans l’énorme émigration qu’y attirèrent les mines d’or au milieu du siècle, l’Australie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Mais il est vrai de dire aussi que sans la longue préparation, sans les efforts persévérans accomplis avant leur découverte, les gisemens aurifères n’auraient pas joui d’une pareille force d’attraction, n’auraient pu produire des effets aussi puissans et aussi durables : la fortune vient rarement à ceux qui ne lui ont pas un peu frayé le chemin. S’il apparaît aujourd’hui quelques manques de proportion et d’équilibre dans cet édifice si rapidement construit, si la hardiesse de ses ha-bilans actuels semble plutôt tendre à le compromettre par des remaniemens et des innovations hasardeuses, il n’en demeure pas moins un étonnant témoignage du génie de l’architecte. L’Australasie est le chef-d’œuvre de la colonisation anglaise. Elle est de plus aujourd’hui, outre un centre de production d’une extraordinaire activité, le théâtre d’expériences sociales de toute sorte. Elle mérite donc à tous les titres l’attention des Européens.