points où une découverte est signalée pour leur rendre compte de son importance. Les nouvelles sont aussitôt affichées et commentées dans tous les lieux de réunion et dans les innombrables bars, où d’heureux cabaretiers vendent un shilling le verre les liquides les plus variés à la foule des cliens.
Au moment où je me trouvais à Coolgardie, la politique et le sport faisaient concurrence à la spéculation minière dans les préoccupations des habitans. On discutait les performances des chevaux engagés dans la Coupe de Melbourne, le Grand Prix australien ; des share-brokers (agens de change) se chargeaient eux-mêmes de conclure les paris. Le soir du jour où fut couru le prix, je me trouvais à Kalgoorlie, un camp minier âgé d’un an à peine. Dès 9 heures, les deux journaux de cette ville affichaient le résultat et les parieurs heureux passaient bruyamment la nuit en bombance.
Les reproches politiques que les mineurs faisaient au gouvernement avaient une curieuse ressemblance avec ceux des uitlanders du Transvaal : négligence des intérêts des districts aurifères, maintien d’un régime protectionniste ; représentation insuffisante des nouveaux venus au Parlement de la colonie, par suite de la mauvaise répartition des circonscriptions, et des entraves à l’inscription électorale. Ces mesures étaient d’autant moins justifiées que les nouveaux venus n’appartiennent pas ici à une race étrangère qui menace l’indépendance du pays, mais sont sujets anglais comme les anciens colons.
C’est toutefois au sujet des intérêts économiques que le mécontentement était le plus justifié. Il est certain que le développement de l’industrie aurifère est fort retardé par les tarifs exorbitans des transports qui résultent de la lenteur de construction du chemin de fer, et que le gouvernement de la colonie s’est trop peu occupé de faire des sondages pour remédier à la rareté de l’eau. D’autre part, il faut bien reconnaître que les gisemens aurifères de l’Australie, en général, sont peut-être les plus riches, mais aussi les plus capricieux de tous. L’or paraît semé en quantité de points du continent entier, mais souvent en poches de peu d’étendue, fabuleusement riches quelquefois. Dans nul pays au monde on n’a trouvé tant ni de si énormes pépites : un chercheur n’a-t-il pas découvert dans la colonie de Victoria, le 9 février 1869, un lingot d’or naturel du poids de 86 kilogrammes, valant ainsi plus de 250 000 francs ? L’ère de ces trouvailles n’est pas terminée ; pendant mon séjour à Melbourne les journaux racontaient qu’à quelques lieues de la ville un promeneur, ayant ramassé une pierre sur laquelle il avait butté, y trouva une pépite