quinze à vingt propositions impliquant à quelque degré la représentation organique sur la base professionnelle. J’écarte tout de suite celles de ces propositions qui n’avaient d’autre objet que de constituer, pour le Sénat ou la Chambre des représentans (c’est le plus souvent au Sénat que l’on pensait) des catégories d’éligibles ; — car, par les catégories d’éligibles, bien que l’on ait, en cette occasion, soutenu une théorie contraire, — on n’organise que le corps élu, nullement le corps électoral ; et ainsi ce n’est pas le suffrage que l’on organiserait, ou l’on ne l’organiserait que très indirectement. Mais il y en avait d’autres, et plusieurs autres, qui, partant d’un principe différent, organisaient vraiment le suffrage universel, en organisant le corps électoral, et qui eussent donné vraiment une représentation organique.
Telles d’entre elles aboutissaient, plutôt qu’à la représentation professionnelle, à une sorte de représentation des intérêts, formés en masse, totalisés et « socialisés », et puis répartis en trois groupes : Capital, Travail, Intelligence ou Science. A chacun d’eux était attribué un tiers des sièges à pourvoir, et dans chacun de ces groupes d’intérêts, si généraux qu’ils étaient censés réunir et classer tous les intérêts sociaux, des intérêts plus particuliers marquaient ensuite des subdivisions. Le capital, par exemple, se subdivisait en mobilier et en immobilier ; comme il avait en tout 72 sièges, l’immobilier en avait 36. Lui-même se subdivisant en grande propriété et petite propriété, la grande propriété foncière prenait 18 de ces sièges, et la petite, 18. Enfin l’une et l’autre étant ou urbaines ou rurales, c’était une subdivision de plus : la grande propriété urbaine avait 9 sièges et, la grande propriété rurale 9 ; de même pour la petite propriété foncière.
Quelques propositions analysaient autrement la société, divisaient plus et subdivisaient moins, et au lieu de trois grands groupes, établissaient du premier coup dix catégories « d’intérêts ou de fonctions sociales » mais plus près de la représentation professionnelle : Agriculture, Industrie, Commerce, Propriété, Administration, Enseignement, Art, Médecine et Hygiène, Organisation judiciaire, Défense nationale. Ailleurs encore on trouvait le souci de ce qui est, en effet, le fondement de toute représentation organique : la double base territoriale et sociale. Si ce n’est pas tout à fait « la représentation réelle du pays », parce que les « unions intermédiaires », les « corps constitués » n’y ont point la place qu’ils ont dans le pays, en toutes ces propositions, du moins, on sont le besoin de sortir de « l’inorganique » et de se rapprocher de « l’organisé ».
Ce n’est pas un fait sans signification, c’est un symptôme, qu’elles aient été aussi nombreuses pendant les trois ans qu’a