à se préparer en France. Le frère du feu roi, Louis, duc d’Anjou, lui était tout acquis ; après avoir créé pour lui, en échange d’un concours militaire, un nouveau royaume feudataire du Saint-Siège, le royaume d’Adria, qui aurait compris la partie septentrionale du domaine ecclésiastique en Italie, Clément VII lui avait assuré, à la place de ce royaume chimérique, l’héritage de la couronne de Naples en le faisant adopter par la reine Jeanne. Charles V n’avait eu aucune part à ces projets, et sa sage politique en avait empêché l’exécution. A sa mort, le duc d’Anjou, qui gardait, après une [année de régence, une grande autorité dans les conseils de Charles VI, son neveu, entreprit en Italie, avec le concours financier de la France, une coûteuse expédition où il trouva la mort. Mais le pape d’Avignon ne se découragea pas ; il faisait peu de cas de l’action purement morale. Pour triompher du pape de Rome ou de ses alliés, peu lui importaient les argumens des canonistes ou des théologiens ; le mieux était de bonnes lances, des lances françaises surtout. Aussi eut-il recours successivement à tous les Français qui pouvaient avoir des intérêts au-delà des Alpes ; au fils de Louis d’Anjou, Louis II ; à Charles VI lui-même qui devait emmener Clément à travers l’Italie, l’installer dans Rome à la place de l’intrus dépossédé, et poursuivre, jusqu’au tombeau du Christ, je ne sais quelle chevauchée victorieuse ; à Jean III, comte d’Armagnac, qui avait des comptes à régler avec le seigneur de Milan ; au duc d’Orléans enfin, à qui il proposa le royaume d’Adria déjà projeté pour Louis d’Anjou. Mais aucune de ses propositions ne put aboutir : Louis II, maître de Naples, trouva trop d’occupations dans son propre royaume ; Charles VI, au moment de partir, l’ut retenu par l’intervention anglaise ; le comte d’Armagnac mourut subitement ; Louis d’Orléans se tourna vers d’autres conquêtes.
Tous ces projets d’ailleurs, eussent-ils réussi, n’auraient produit que des résultats politiques ; ils n’auraient pas eu plus d’action sur l’extinction du schisme que n’en avait eu le combat de Marino ; comme l’avait fait alors Clément VII, le pape vaincu n’aurait eu qu’à se réfugier auprès d’un des princes de son obédience. L’obstination de Robert de Genève à recourir à la violence eut pour effet de commencer à détacher de lui sa grande alliée française. Pour payer le concours des princes, il avait bien fallu leur donner le moyen de trouver de l’argent en les autorisant à lever de nombreuses contributions sur les clercs, et les clercs ne tardèrent pas à trouver que le pape d’Avignon leur coûtait cher. Puis ceux qui gouvernaient la France s’accoutumèrent à entretenir avec le pontife des rapports où la politique