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Bâle ou de l’Autriche, ils avaient le droit et le devoir de conserver la messe. Lorsque au margraviat succèdent les anciennes possessions autrichiennes, le catholicisme reparaît ; mais au milieu de son domaine, le protestantisme pointe ; c’est au village de Weisweil, dont la famille de Bade-Durlach, qui en était propriétaire, donna les âmes à la Réforme. Les seigneuries de Mahlberg et de Lahr succédaient aux terres d’Autriche le long du fleuve ; elles étaient le bien commun des margraves de Baden-Baden, longtemps indécis et finalement catholiques, et des comtes protestans de Nassau. N’y cherchez point l’uniformité religieuse ! la conscience collective des deux maisons souveraines était ondoyante et diverse : cette diversité s’est maintenue. A la hauteur d’Offenburg, la rive redevient catholique : les margraves de Baden-Baden en étaient les maîtres ; ils se convertirent deux fois au protestantisme et deux fois au catholicisme ; à la dernière oscillation, ils installèrent, avec plein succès, l’Eglise romaine dans leurs terres. De nouveau, la Réforme est riveraine en face du confluent de l’Ill ; Philippe IV, comte de Lichtenberg, gouvernait ces parages ; en 1545 il y supprima la messe ; depuis lors c’est un pays de prêches. Un tout petit village, Hanau, échappait à ce prince ; il relevait du chapitre de la cathédrale de Strasbourg ; on le retrouve catholique, comme ses anciens seigneurs. Quatre souverainetés se succédaient ensuite le long du fleuve ; Baden-Baden (et la rive est catholique jusqu’à la hauteur de Carlsruhe) ; Bade-Durlach (et la rive est protestante jusqu’à la hauteur de Landau) ; l’évêché de Spire (et la rive redevient catholique jusqu’à la hauteur de Spire) ; enfin le Palatinat. Cette dernière région fut réformée au XVIe siècle, redevint catholique après 1625, protestante après 1648, catholique après 1685. Mais à la différence du margraviat de Baden-Baden, où la dernière conversion du prince rallia tous les habitans, le Palatinat ne recouvra point son unité religieuse ; et la rive badoise du Rhin se termine, au nord, par une bande de terre où les confessions sont passablement mélangées.

On pourrait poursuivre une pareille étude pour toutes les régions de l’Allemagne. La ville libre de Nuremberg, en 1524, introduisit la Réforme dans ses terres ; le margrave Georges d’Anspach fit de même, en 1528, aussi bien pour Bayreuth, dont il était régent, que pour Anspach, dont il était souverain : voilà l’origine des districts protestans de la Bavière ; et les petites communes catholiques, qui dessinent à travers ces districts un très léger pointillé, répondent à d’anciennes enclaves possédées par les ducs de Bavière, par les évêques d’Eichstaedt ou de Wurzbourg,