mariages, 13 seulement non bénis (ce qui dénoterait moins d’indifférence qu’à Berlin) ; mais sur 100 enfans, 17 demeuraient sans baptême (ce qui dénoterait le contraire) ; et pour une population de 100 protestans, on relève à Berlin 16 communions, à Hambourg 10 seulement ; Magdebourg viendrait ensuite, puis les agglomérations industrielles de la région saxonne. « Le peuple de Saxe, écrivait Montalembert en 1834, est le plus protestant de toute l’Allemagne. » Sans aucun fard, aujourd’hui, le socialisme expose, à son invincible clientèle d’électeurs saxons, la philosophie athée dans laquelle il encadre ses revendications économiques et qui d’ailleurs, peut-être, ne leur est pas essentiellement inhérente ; et ces populations évangéliques lui font l’abandon de leurs votes et de leurs consciences. Elles ne tiennent aucun compte à la fraction « libérale » de l’église, des efforts qu’elle fait pour mettre son dogme à la portée de leur scepticisme, ni de cette condescendance avec laquelle elle atténue le symbole au risque de le déchirer ; et dans leur acharnement contre le christianisme elles enveloppent la morale chrétienne, lors même que par un prodige de complaisance elle leur est présentée sans aucun alliage de surnaturel.
Quelle est la situation religieuse des campagnes, nous Talions dire à grands traits. Dans la Prusse orientale et occidentale, et dans la partie de la Poméranie qui s’étend sur la rive droite de l’Oder, la piété est convenable : le district de Kœstlin, même, est l’une des régions de l’Allemagne où la ferveur est le plus assidue, puisque chaque dimanche, dans les temples, la communauté est représentée par environ la moitié de ses membres. De l’autre côté de l’Oder, le changement est brusque ; aux alentours de Stralsund, quatre à cinq pour cent des fidèles vont au prêche ; on communie cinq ou six fois dans sa vie, à l’occasion des importans événemens de famille, mais sans recueillement, sans intelligence, et parce que la Pâque, presque au même titre que les libations et les danses, figure nécessairement au programme d’un grand jour. C’est un pays de très grande propriété : on y compte moins de petits paysans, beaucoup plus d’ouvriers agricoles que dans la moitié orientale de la Poméranie ; et il semble, en ces parages, que la pratique religieuse diminue à mesure que déchoit, par l’effet de mauvaises conditions sociales, la dignité de l’existence. Le Mecklenbourg n’est guère plus dévot ; sur cent fidèles inscrits le pasteur a dix auditeurs environ. Cette indifférence est contagieuse, elle se retrouve dans le sud du Schleswig-Holstein. Le Brandebourg, en revanche, est kirchlich (ainsi dit-on d’un pays où les offices sont suivis) ; encore offre-t-il, à cet égard, de curieux contrastes : dans le cercle de Lückenwalde-Jüterbogk, il n’est