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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 135.djvu/873

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Cela ne veut pas dire que toute idéalité soit absolument exclue de leur œuvre. Au contraire, elle prend, dans ces dernières années, une place de plus en plus considérable, au point qu’on peut désormais parler, sans trop d’invraisemblance, d’un prochain retour de l’idéalisme. En Suède, comme ailleurs, une réaction s’annonce ; réaction dont les instigateurs cherchent encore leur voie, tâtonnent de tous côtés, s’essaient dans tous les genres : études psychologiques, allégories, fantaisies symbolistes ; mais déjà ils ne se contentent plus des faits physiologiques, non plus que du procédé qui ramenait tout aux sens et aux instincts naturels.

Ainsi, sous cette impulsion venue de Norvège, le roman suédois a pris un nouvel essor. Il a ressuscité avec le naturalisme de M. Strindberg, le réalisme matérialiste de Mme Anne-Charlotte Leffler, de M. Gustave af Geijerstam, la psychologie de M. Oscar Levertin, l’allégorie et le symbolisme de M. Verner von Heidenstam. Ces écrivains de genres si différens se rattachent tous à la jeune école par la tendance sceptique et antichrétienne qui leur est venue de la Norvège : caractère d’autant plus frappant chez eux qu’il se manifeste dans un pays où le peuple est encore très religieux, et conserve beaucoup de la foi simple et rude de ses pères. Mais on l’a dit, et cette vérité se trouve être aussi vraie en Suède qu’ailleurs, il n’y a plus aujourd’hui d’écoles ni de systèmes en littérature, il n’y a que des individualités. Ce sont ces individualités, les représentais les plus originaux de la littérature suédoise contemporaine, que je vais essayer de présenter au lecteur français.


O. -G. DE HEIDENSTAM.