confondent leurs vallées et s’unissent, — à l’ouest, où le fleuve décrit ses larges orbes ; elle est bornée au nord et au sud par des hauteurs qui s’élèvent d’un relief abrupt, et qui, s’éloignant d’elle, se prolongent en plateaux à travers les mouvemens d’un sol accidenté et couvert. Ces hauteurs commandaient vers Sannois, à moins de 3 000 mètres, nos ouvrages nord, et vers Châtillon, de 2 000 à 1 000 mètres, notre front sud et les forts de Montrouge, de Vanves, et d’Issy.
Il fallut nos premières défaites pour que le siège de la capitale parût un malheur possible, et qu’on s’avisât de l’état où étaient les défenses. Le dernier ministère de l’empire déploya une activité capable de tout réparer, si le temps perdu se regagnait jamais : plus de 40 millions furent dépensés à mettre en état la place et l’on y employa jusqu’à 400 000 ouvriers à la fois dans les derniers jours qui précédèrent le 4 septembre. Pour porter sur les hauteurs la défense, on entreprit quatre grands ouvrages, conçus selon la dernière perfection de l’architecture militaire, avec des maçonneries épaisses, des revêtemens à l’épreuve et plusieurs étages de feux. Malgré l’inévitable lenteur de tels travaux, on les avait engagés parce qu’on se sentait couvert par l’armée de Mac-Mahon. Si elle ne parvenait pas à opérer sa jonction avec Bazaine, elle ferait retraite sur Paris et, établie en avant des nouveaux ouvrages, donnerait le temps de les achever. Cet espoir fut détruit, avec l’armée elle-même, à Sedan.
Pour armer les forts et l’enceinte, 200 grosses pièces de marine avaient été amenées des ports. Pour armer les troupes, Paris ne possédait que 200 000 chassepots redemandés à Strasbourg et à Metz, au moment où ces places furent investies. Or la défense de Paris exigeait plus de 200 000 hommes : 40 000 pour tenir garnison dans les forts, 80 000 pour manœuvrer entre les forts et la place, troubler les entreprises de l’assiégeant, 90 000 pour garnir les remparts de l’enceinte.
Seul le service des remparts pouvait être assuré par les 90 000 gardes nationaux de Paris. Sur ce nombre le tiers, appelé par la loi du 10 août 1870, n’avait pas encore d’armes ; le reste, qui formait les anciens bataillons de l’empire, n’était muni que d’armes à piston ; et les uns et les autres étaient égaux par leur inexpérience militaire. Pour la mission essentielle, et au lieu des 120 000 hommes qu’elle exigeait, 12 000 marins, fusiliers et canonniers, appelés à Paris par le dernier ministère avec leurs officiers et six amiraux, 12 000 sergens de ville et gendarmes, 35 000 hommes du 13e corps, qui sous la conduite de Vinoy se repliaient sur la capitale, n’atteignaient pas 60 000 soldats. En y ajoutant 4 000 recrues, premiers élémens du 14e corps