résolutions, il n’en doit pas porter tout entier la responsabilité. Dans les actes collectifs, elle n’est pas où est le nombre mais l’influence, et l’on accuserait à tort de leurs fausses voies ceux qui s’égarent en suivant un guide. Trochu, maître à ce moment d’obtenir tout ce qu’il eût déclaré nécessaire à la défense, est, en stricte justice, l’auteur des mesures qu’il n’empêcha pas. Ici le guide dès le départ s’était trompé de chemin.
Lui-même, d’ailleurs, se trouva la première victime ; nul n’avait autant à perdre aux partis où il se résolut et qui changeaient dès l’abord la hiérarchie normale des influences dans le gouvernement. Par ses premières mesures, le général abdiquait la prééminence que nos malheurs lui avaient préparée et qu’il avait revendiquée lui-même en prenant le pouvoir. A l’heure où la nation entière l’acclamait comme chef, il laissait vide presque toute la place que lui offrait la confiance politique ; il renonçait à diriger le gouvernement et les armées de la France pour enfermer son autorité et son effort dans Paris. A Paris encore, au lieu d’accorder à toute la cité la communauté dévie et de formation militaire qu’elle attendait de lui, il abandonnait la plus grande partie de sa mission. Admettre comme il le faisait que la masse de la population dût atteindre, dans une ardeur spontanée de patriotisme, à la science de lutter et de souffrir, c’était abandonner cette multitude à une force indépendante de lui, et non seulement ne pas se la soumettre, mais se soumettre à elle. Au lieu de décider en chef et sans autre souci que l’intérêt militaire la conduite générale et chaque opération du siège, il acceptait une collaboration avec la foule. Sûr de ses vues, il lui fallait interroger ceux qui lui devaient obéissance. Si l’opinion était le grand ressort de l’énergie parisienne, il se réduisait à la nécessité de renoncer aux entreprises utiles qu’elle n’approuverait pas, et de se résoudre aux partis même mauvais pour lesquels elle se passionnerait. Il dépendait d’elle non seulement pour les opérations auxquelles la garde nationale donnerait son concours, mais même pour celles auxquelles suffirait l’armée : car les secondes comme les premières étaient de nature à émouvoir le sentiment public qui, découragé, désarmait la défense.
Le général ne restait pas même maître de juger seul cet état du sentiment public. Dès qu’il tentait de combiner ses projets avec les volontés de Paris, ses collègues du gouvernement, vigies de popularité, avaient compétence pour prédire l’influence de chaque acte sur la population. Dès qu’il n’était plus l’arbitre unique, il ne lui restait que son douzième de suffrage. Telle était la part du pouvoir militaire en face du pouvoir civil. Trochu comptait pour