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remplies l’une d’eau distillée et l’autre de l’eau suspecte. La mauvaise odeur se reconnaît de la façon suivante : on fait chauffer l’eau à 40°, on y ajoute un peu de lessive de potasse ; on lave à plusieurs reprises, avec cette eau, l’intérieur d’une éprouvette cylindrique ; puis, on flaire la vapeur qui s’en dégage. On perçoit ainsi très nettement de minimes quantités d’hydrogène sulfuré. La saveur de l’eau n’est appréciable que lorsqu’elle renferme de 50 centigrammes à 1 gramme de sels par litre ; exceptons toutefois les sels de cuivre et de fer qui impressionnent le goût à la dose de 5 à 6 centigrammes.

Nous avons dit plus haut que, pour être considérée comme potable, l’eau devait dissoudre le savon. Lorsqu’elle contient trop de sels de magnésie et de chaux, ceux-ci se décomposent. Leurs bases forment, avec les acides gras du savon, des sels insolubles qui apparaissent sous forme de grumeaux persistans. On a fondé sur cette propriété un mode d’analyse très simple et auquel tout le monde peut recourir. Cette méthode porte le nom d’hydrotymétrie. Elle a été imaginée par Clark en Angleterre, et perfectionnée en France par Boutron et Boudet. Il suffit, pour y recourir, d’avoir à sa disposition une éprouvette graduée et une solution titrée de savon de Marseille dans l’eau alcoolisée. On verse dans l’éprouvette une quantité déterminée de l’eau à examiner, et on y ajoute la solution de savon, peu à peu, jusqu’à ce que le mélange commence à mousser. La quantité de liqueur d’épreuve qui a été nécessaire pour arriver à ce résultat, ayant servi à saturer les sels de chaux et de magnésie, indique par conséquent la proportion de ceux-ci. La recherche des autres principes minéraux nécessite une série d’opérations plus délicates ; mais elle a moins d’intérêt. Celle de la matière organique est plus importante : on calcule sa quantité d’après celle du permanganate de potasse que l’eau décolore en lui enlevant son oxygène.

L’examen microscopique est de nos jours le complément indispensable d’une analyse îles eaux. Mais comme l’examen direct n’apprend rien sur la nature des microbes, il faut pour la déterminer, recourir à la méthode des cultures. Elle consiste à ensemencer, avec l’eau suspecte, des plaques de gélatine pure ou peptonisée et à les placer dans une étuve. Ces plaques ne tardent pas à se couvrir de colonies dont les caractères ne sont pas les mêmes. Celles qui fluidifient la gélatine sont généralement des microbes de la putréfaction, ou saprophytes, ainsi qu’on les appelle, tandis que celles qui ne la liquéfient pas appartiennent, pour la plupart, au groupe des microbes susceptibles de déterminer des maladies infectieuses. Ce premier caractère se constate à l’œil nu ou à la