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hydro-électrique qui facilite la décomposition de l’eau. Il se forme alors, avec le concours de l’acide carbonique de l’air, un hydro-carbonate de plomb légèrement soluble et très dangereux. De petites épidémies de coliques saturnines se sont maintes fois produites de cette façon et cependant partout on a des conduites en fonte de fer et des branchemens en plomb. Tout le réseau de la ville de Paris est constitué de cette façon ; il en est de même de la plupart des villes qui ont développé leur canalisation depuis une cinquantaine d’années ; on n’y entend pourtant pas parler d’intoxication saturnine. Cela tient vraisemblablement à ce que les eaux, charriées par ces conduites mixtes, contiennent des quantités notables de carbonate ou de sulfate de chaux, qui se déposent sur les conduites et dont les incrustations préservent le métal. Toutefois, il est prudent, lorsqu’on a affaire à des tuyaux de plomb qui n’ont pas encore servi, d’y laisser couler l’eau pendant quelque temps avant de la boire. La même précaution est bonne à prendre, quand on s’est absenté de son appartement pendant un certain temps.

Les tuyaux de fonte sont également attaqués par les eaux ; mais il n’en résulte le plus souvent que la formation d’un peu de rouille complètement inoffensive. La pression du liquide, les coups de bélier sont plus dangereux par la rupture qu’ils peuvent provoquer, par les fissures qu’ils occasionnent à la longue. La mise en valeur d’un organisme aussi délicat, aussi compliqué qu’une distribution d’eau, exige une surveillance constante, l’emploi d’un personnel nombreux et bien exercé. La moindre erreur, la moindre négligence cause des dégâts, entraîne des réparations coûteuses, entrave le service ; mais quelque précaution qu’on prenne, il y a toujours, dans la meilleure distribution, des fuites imperceptibles qui se font par des joints incomplètement étanches, par des robinets mal rodés. Comme elles se produisent dans toute la longueur du réseau, elles amènent des pertes considérables. Les ingénieurs américains estiment que ces pertes dépassent toujours le quart de l’eau versée dans la canalisation et atteignent parfois la moitié. En Angleterre, on va plus loin et on admet qu’il n’y a guère que 30 pour 100 de l’eau utilisée. Il faut tenir compte de ce déchet dans les évaluations, lorsqu’il s’agit d’une amenée d’eau à établir.

Le réseau de canalisation d’une ville se compose, comme nous l’avons vu, d’une série décroissante de conduites dont les dernières servent de point de départ aux branchemens en plomb qui aboutissent aux orifices de puisage. Dans les villes où la même eau sert à tous les usages, les branchemens du service privé et ceux du service public partent des mêmes conduites. La prise se