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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 136.djvu/623

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maisons, aux fontaines Wallaco et à quelques bornes-fontaines. Elle est aussi consacrée, à cause de sa forte pression, à la manœuvre des ascenseurs et aux bouches d’incendie. Les eaux de rivière sont consacrées à l’arrosage, servent à l’alimentation des fontaines d’ornement et de puisage, aux lavoirs, aux bains publics, aux piscines et aux établissemens industriels.


V

Les amenées d’eau de source nécessitent, comme nous venons de le montrer, des travaux trop dispendieux pour que toutes les villes puissent se les permettre. En France, il n’y en a pas le tiers qui en délivre, pour tous les usages, à sa population[1]. Plus de la moitié se contente d’eau de rivière ou s’alimente dans sa nappe souterraine et celles-là sont dans la nécessité de les épurer avant de les lancer dans leur distribution, sous peine de faire courir de sérieux dangers à leurs habitans.

L’épuration en grand des eaux potables est donc un expédient auquel on est trop souvent forcé de recourir. Elle ne s’obtient, dans la pratique, que par deux moyens : la décantation et la filtration. On a depuis longtemps renoncé aux agens chimiques, parce que leur emploi est trop incertain et trop dispendieux. On est forcé d’y recourir parfois encore dans des circonstances exceptionnelles, telles que les campagnes de guerre ou d’exploration, les expéditions coloniales, etc. ; mais, pour l’alimentation des villes, on n’emploie que les deux procédés précédemment indiqués.

La décantation est en usage dans 18 villes de France. Marseille est la plus importante. Avant d’arriver aux réservoirs de Longchamps, l’eau de la Durance laisse déposer ses impuretés dans six grands bassins de 180 mètres de long sur 82 de large et sur om, 70 de profondeur. On les nettoie trois fois par an et le dépôt, qui a de 30 à 40 centimètres d’épaisseur, est entraîné par une chasse puissante. La décantation est également en usage à Londres pour clarifier les eaux de la Tamise[2]. On a creusé sur

  1. M. Bechmann, directeur de l’assainissement de Paris, a fait, en 1892, une enquête sur le mode d’alimentation en eaux potables de 691 villes de France, et il est arrivé aux résultats suivans : 219 villes boivent de l’eau de source. 113 de l’eau de rivière, 215 de l’eau de nappe, et 144 ont une alimentation mixte. La ville de Paris est dans ce dernier cas.
  2. La population de Londres ne boit que de l’eau de rivière. Les machines élévatoires qui la puisent dans la Tamise remontent à 1582. Huit grandes compagnies distribuent à la ville 681 000 mètres cubes d’eau par jour. Les plus anciennes sont Chelsea, qui date de 1724 ; Lambeth, de 1785 ; Grand-Junction, de 1798. Depuis une dizaine d’années, toutefois, la Compagnie Kent distribue de l’eau prise à Deptford, dans des puits très profonds.