l’âme, rassurée par la bonté de Dieu, fait partie intégrante de l’acte de foi : la foi est un acte de confiance (Vertrauen).
Elle n’est rien de plus pour l’école « moderne » ; pour les « positifs », au contraire, elle suppose, par surcroit, l’adhésion intellectuelle à certaines vérités religieuses, qui, de près ou de loin, immédiatement ou indirectement, motivent cette confiance (Fürwahrhalten). Il semble que la confession d’Augsbourg favorise la seconde conception ; d’après ce document, la foi a un double objet : « l’histoire », et « l’effet de l’histoire » : cela signifie, en termes concrets, que le croyant doit adhérer aux faits initiaux de la révélation chrétienne, et qu’il doit avoir confiance dans la rémission des péchés, promise par cette révélation et méritée par la rédemption. Au contraire, vous pouvez à l’aveuglette, sans nulle opinion préalable sur la personne de Jésus, vous reposer dans cette certitude que par lui vous serez sauvé, et interpréter d’ailleurs à votre guise les mots « salut » et « rédemption » : la théologie moderne déclare que vous avez la foi ; elle vous rend ce témoignage après avoir consulté votre cœur et sans vous interroger sur les raisons de votre certitude.
Dans la vie de Jésus, telle que la racontent les Evangiles, cette théologie met en relief un grand fait : la coopération du Christ au salut de l’humanité. Tous les autres faits sont secondaires, au prix de celui-là ; elle les répartit en deux groupes : les uns sont intimement reliés à l’œuvre de notre rachat ; sans eux, il n’aurait pas eu lieu : tels sont la passion et le crucifiement ; les autres sont commodes superpositions, des annexions historiques ou légendaires, qui n’ajoutent aucune valeur à la figure du Christ, aucune efficacité à sa besogne rédemptrice : telle, par exemple, la résurrection. Que la foi présuppose une certaine croyance aux faits du premier groupe, soit ; des faits du second groupe, en revanche, elle se peut désintéresser sans nul scrupule.
Mais vous entendez dire par les catholiques, et répéter par les protestans de l’école positive, que c’est la résurrection qui convainquit les apôtres, un instant désillusionnés, que jusqu’à la fin des siècles elle justifiera la mission du Christ aux yeux des chrétiens, qu’elle est précisément l’une des preuves de la foi chrétienne et qu’elle en est à proprement parler la base : comment donc cette foi même en peut-elle faire si bon marché ?
Votre surprise cessera si vous voulez bien songer qu’il n’y a rien de commun entre la foi des catholiques ou celle des protestans positifs et cette foi nouvelle telle que la conçoit la théologie moderne : la première recherche des argumens historiques, qu’elle préserve avec jalousie ; elle sent le besoin d’une