Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 136.djvu/901

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

...............….

Jamais jusqu’à ce jour ce pays n’a assisté à une lutte semblable à celle que nous traversons… Les démocrates partisans de l’argent ont marché de l’avant avec franchise et audace : ils ont eu le courage de proclamer leur foi, ils ont annoncé que, s’ils remportaient la victoire, ils consacreraient dans la plate-forme du parti la déclaration qu’ils venaient de faire. Ils ont commencé la bataille avec une ardeur semblable à celle des croisés qu’entraînait Pierre l’Hermite. Nos démocrates partisans de l’argent ont marché de victoire en victoire, jusqu’à ce qu’ils se soient réunis en ce jour, non pour discuter, non pour discourir, mais pour entériner le jugement rendu par le peuple américain.

………………………………….

Nous parlons en faveur des hommes d’affaires dans le sens le plus large. Nous ne disons pas un mot qui soit hostile à ceux qui vivent sur les bords de l’Atlantique ; mais les hardis pionniers qui ont bravé tous les dangers de la solitude, ceux qui ont fait pousser les roses dans le désert, ces pionniers d’avant-garde, qui ont élevé leurs enfans au sein de la nature, là où ils mêlent leur voix à celle des oiseaux, là où ils ont bâti des écoles pour l’instruction de la jeunesse, des églises pour y adorer le Créateur, des cimetières pour que les cendres de leurs ancêtres y reposent en paix, ceux-là méritent autant de considération de la part du parti démocratique qu’aucune autre classe de citoyens !

C’est pour eux que nous parlons. Nous ne nous présentons pas on agresseurs. Notre guerre n’est pas une guerre de conquête. Nous luttons pour la défense de nos foyers, de nos familles, de notre postérité. Nous avons pétitionné, et nos pétitions ont été dédaigneusement écartées. Nous avons supplié, et nos suppliques ont été rejetées. Nous avons imploré, et on nous a raillés, et le malheur s’est abattu sur nous. Maintenant nous n’implorons plus ; nous ne supplions plus ; nous ne pétitionnons plus. Nous mettons nos adversaires au défi.

…………………………..

Nous disons dans notre plate-forme que le droit de frapper des pièces de monnaie et d’émettre des billets appartient au gouvernement. Nous le croyons.

Arrivons maintenant au point capital. On nous demande pourquoi nous nous étendons sur la question monétaire plus que sur la question de tarif ; c’est que, si la protection a fait des milliers de victimes, l’étalon d’or en a fait par dizaines de mille. Si on nous demande pourquoi nous n’avons pas inséré tous nos articles de foi dans notre plate-forme, je réponds que, lorsque nous aurons rétabli notre monnaie constitutionnelle, toutes les autres réformes nécessaires deviendront possibles, et que jusque-là aucune réforme n’est possible.

………………………………….

Ah ! mes amis, rien ne saurait protéger contre la colère vengeresse d’un peuple indigné l’homme qui déclarera ou bien qu’il désire imposer l’étalon d’or à ce pays-ci ou qu’il est prêt à faire litière de notre indépendance et à mettre le contrôle de notre législation entre les mains de puissances et de potentats étrangers.

………………………………

C’est en vain que vous chercherez dans l’histoire une seule occasion où le peuple d’aucun pays se soit jamais déclaré en faveur de l’étalon d’or. Les sympathies du parti démocratique sont du côté des masses laborieuses qui produisent la fortune nationale et paient les impôts.