rapidement en Amérique et en France, où ils formèrent jusqu’à huit provinces. Les Pères de la Mercy avaient un collège dans l’Université de Paris (1515) et un couvent à Paris, fondé par Marie de Médicis (1613). Louis XIII les avait en particulière estime, et par un arrêt du 24 juillet 1636, il ordonna aux évêques de lever des aumônes dans tout le royaume en faveur de ces religieux rédempteurs.
L’un d’eux, le Père Michel Auvry nous a laissé dans son livre intitulé : le Miroir de la Charité, la relation très intéressante du voyage de rédemption qu’il fit avec deux frères à Alger, en 1662. Le prix moyen de rachat d’un esclave de qualité ordinaire était de 200 livres, à quoi il fallait ajouter 50 pour 100 pour les taxes diverses à acquitter ; ce qui faisait un total de 300 livres. S’agissait-il d’un captif de marque, la rançon pouvait s’élever à 6 000 livres, parfois même à des sommes exorbitantes ; par exemple, on dut payer pour la rançon de la petite-fille du général du Bourk, qui avait été prise avec trois personnes de sa suite, ta somme de 75 000 livres. Le P. Auvry, avec les 20 000 livres qu’il avait recueillies, put racheter soixante et dix esclaves, appartenant à toutes les provinces de France, et dont quelques-uns languissaient dans la servitude depuis douze, quinze et même vingt-deux ans ; en outre, il en délivra vingt-cinq autres, auxquels il avança des deniers pour compléter leur rançon. Puis on procéda à l’embarquement, qui était entouré, par les autorités turques, de précautions rigoureuses. Le truchement appelait chaque esclave par son nom, d’après la liste des religieux, en présence du comptador, qui en avait le double, puis ce dernier allait visiter l’estive ou cale du navire, pour voir s’il n’y avait pas là, caché, quelque esclave fugitif ; enfin le chef de la douane faisait rendre au patron du bateau les voiles et le gouvernail, qui lui avaient été retirés à l’arrivée et mis en magasin.
Notre chroniqueur clôt son récit en constatant, non sans une légitime fierté, que ce voyage était la soixante et treizième rédemption faite par son ordre dans la seule ville d’Alger, dont on avait tiré en tout 12500 esclaves.
Aux Trinitaires et aux Pères de Notre-Dame de la Mercy revient l’honneur de s’être les premiers exclusivement dévoués à la rédemption des esclaves en pays musulman et d’y avoir pourvu non seulement par échange ou à prix d’argent, mais aussi, quand ces moyens faisaient défaut, au prix de leur propre liberté. Au